Encadrement des loyers à Paris : "Si on laisse le marché agir tout seul, les classes moyennes seront obligées de partir", estime Ian Brossat
Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris en charge du logement, de l'habitat durable et de l'hébergement d'urgence, s'est dit favorable au retour de l'encadrement des loyers dans la capitale, sur franceinfo mercredi 18 juillet.
Selon une étude de l'association de consommateurs CLCV rendue publique ce mercredi et que franceinfo a pu consulter, les prix des locations se sont envolés à Paris depuis l'annulation par la justice de l'encadrement des loyers fin 2017. Plus d'un loyer sur deux dépasse désormais l'ancienne limite fixée, selon l'association qui a passé en revue plus d'un millier d'annonces immobilières dans la capitale.
Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris en charge du logement, de l'habitat durable et de l'hébergement d'urgence, s'est dit favorable au retour de l'encadrement des loyers dans la capitale, sur franceinfo car "on a maintenant la preuve que l'encadrement était efficace puisqu'il avait permis pendant deux ans de stabiliser les loyers parisiens." "On est confrontés à une question très simple : est-ce qu'on considère qu'on doit laisser le marché agir tout seul dans nos grandes métropoles ? Si on le laisse, les classes moyennes seront obligées de partir", a-t-il estimé. "Nous allons donc nous saisir de la loi Elan (Evolution du logement et aménagement numérique) qui nous permettra de réactiver l'encadrement des loyers à Paris", a ajouté Ian Brossat.
Est-ce que ces chiffres relevés par la CLCV sont conformes à vos propres observations à Paris ?
Ian Brossat. C'est conforme à toute une série de témoignages qui nous remontaient à Paris depuis maintenant quelques mois, depuis que l'encadrement des loyers a été supprimé par la justice, par le tribunal. Moi je pense que cette étude elle est en réalité édifiante et accablante pour ceux qui ont cherché à supprimer l'encadrement des loyers. On a maintenant la preuve que l'encadrement était efficace puisqu'il avait permis pendant deux ans de stabiliser les loyers parisiens et on voit bien que, quand on enlève le garrot, la situation empire avec des loyers qui augmentent, notamment des petites surfaces occupées par des jeunes qui ont des petits moyens. Je pense donc qu'il est urgent de remettre l'encadrement des loyers dans la capitale. En tout cas cette étude - qui est une étude indépendante - nous incite à remettre en place cet encadrement dans la capitale.
Est-ce que la solution serait de faire en sorte qu'il y est plus de logements ouverts à la location à Paris ?
Il faut agir sur plusieurs leviers. La Ville de Paris consacre entre 400 et 500 millions d'euros par an au logement, notamment pour développer le logement social. Aujourd'hui à Paris, un logement sur cinq est un logement social et c'est une offre qui a considérablement augmenté au cours des dernières années. Il reste que malgré tous ces efforts, nous avons quasiment 80% de logements qui sont des logements privés et beaucoup de ces logements sont loués à des prix qui sont incompatibles avec les revenus de la classe moyenne. Dans une ville comme Paris qui est très dense et où on a peu de parcelles disponibles et peu de possibilités de construire, il faut encadrer les loyers, moi j'y suis favorable.
Aviez-vous peur de décourager les propriétaires avec ce type de système ?
Cela n'est pas ce que nous avons constaté. Lorsque l'on dit qu'un certain nombre de propriétaires - du fait de l'encadrement des loyers - allait se tourner vers de la location touristique, nous constatons au contraire, depuis le mois de septembre à Paris, une diminution du nombre de logements sur Airbnb parce que nous avons mis un certain nombre de dispositifs de régulation. Donc même si Paris reste un marché mondial important pour Airbnb, la ville a réussi à remettre un peu d'ordre dans tout ça, permettre que des gens louent occasionnellement mais empêcher la transformation d'appartements en hôtels clandestins. Mais plus profondément, je pense qu'on est confrontés à une question très simple : est-ce qu'on considère qu'on doit laisser le marché agir tout seul dans nos grandes métropoles ? Si on le laisse, les classes moyennes seront obligées de partir et moi je souhaite que Paris reste une ville mixte accessible à des gens qui travaillent et qui ont des revenus moyens et ça, ça suppose d'éviter que les prix des loyers s'envolent. Nous allons donc nous saisir de la loi Elan qui nous permettra de réactiver l'encadrement des loyers à Paris.
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