"On n'exclut pas de tester toutes les personnes hébergées" : après leur évacuation du camp d'Aubervilliers, des familles sont prises en charge dans un gymnase adapté au coronavirus
Une cinquantaine de personnes sont accueillies dans cette salle du 20e arrondissement de Paris. Des masques leur sont distribués, les lits et douches sont nominatifs et une zone de séparation a été aménagée pour toute personne symptomatique.
Mercredi 29 juillet, au petit matin, 2 113 personnes vivant dans trois campements illicites implantés au bord du canal Saint-Denis à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ont été évacuées par la police et se sont vues proposer une mise à l’abri temporaire en Île-de-France. Certaines familles - une cinquantaine d'habitants du camp - ont ainsi été accueillies dans un gymnase du 20e arrondissement de Paris.
Se reposer avant de trouver un habitat pérenne
Dans le gymnase, les filets de volley ont laissé place aux lits de camp bleus. Sous les couvertures, des hommes, des femmes et des enfants endormis. "Les gens sont très fatigués. La première des choses qui se fait quand il y a une mise à l'abri comme celle-ci, c'est que les gens se reposent", explique Églantine Crépy, la directrice régionale Île-de-France de l'association France Horizon.
"Nous avons actuellement 55 personnes qui représentent 16 familles. Il y a une évaluation de leur situation qui est faite et ensuite, elles vont être redirigées vers d'autres structures d'hébergement plus pérennes, poursuit Églantine Crépy. Il y a parfois quelques semaines d'attente, mais les familles seront toutes réorientées vers une solution d'hébergement."
Distribution de masques et douches non partagées
En attendant, ces familles évacuées mercredi matin du campement d'Aubervilliers doivent cohabiter dans un endroit clos soumis à un protocole sanitaire. "Nous avons des masques à fournir aux familles. À chaque groupe de lits correspond une famille et des douches seront attribuées par famille", indique Églantine Crépy.
Nous avons créé une zone de séparation au fond du gymnase, qui va nous permettre de mettre, éventuellement, à l'écart des familles, ou des personnes qui seraient symptomatiques, jusqu'à leur testing.
Églantine Crépy, directrice régionale de l'association France Horizonà franceinfo
"On sait très bien que les conditions étaient difficiles sur ce campement depuis un petit moment, d'un point de vue sanitaire, et c'est pour ça qu'il est bien plus important et évident de gérer justement d'éventuels symptômes dans un espace comme celui-ci qu'en campement", affirme Églantine Crépy.
Pourquoi ne pas tester ces familles puisque le gouvernement encourage les tests ? "On n'exclut pas du tout que toutes les personnes hébergées soient testées, répond la responsable de l'association France Horizon. Les bilans infirmiers sont programmés dès lundi pour ce site, et pour les tests, ils vont arriver, c'est juste une question d'organisation et de modalités de mise en œuvre. Mais ce n'est pas une question de fond."
L'espoir d'avoir sa propre maison
Saina Nsoké est rassurée d'être sanitairement prise en charge, car le Covid lui fait "très peur". Mais même si cette mère de trois enfants, originaire du Nigeria, est soulagée d'avoir quitté ce campement insalubre et froid, dit-elle, elle n'a pas l'impression d'avancer. "Je ne suis pas heureuse. La vie ici n'est pas facile. Je pleure beaucoup. Quand on pense trop, on devient dépressif. Ce n'est pas la vie que je veux pour mes enfants. Je veux une meilleure vie pour eux. Je veux avoir ma propre maison", explique-t-elle.
Nous espérons une vie meilleure.
Saina Nsoké, mère de famille nigérianneà franceinfo
Si certaines personnes mises à l'abri choisissent de retourner dans des campements ou à la rue, il est rare, explique l'association France Horizon, que les familles prennent cette décision.
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