Indemnité inflation, chèque énergie : "Cela fait du bien, mais ce sont des pansements", selon la fondation Abbé Pierre
Le délégué général de l'association appelle le gouvernement et les candidats à la présidentielle à pallier les difficultés "structurelles" des Français, comme l'isolation des bâtiments ou les loyers.
Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, a salué lundi 13 décembre l'indemnité inflation de 100 euros destinée aux 38 millions de français qui touchent moins de 2 000 euros par mois. Elle vise à aider les foyers modestes à faire face à la hausse des prix. "Cela fait du bien, mais ce sont des pansements", a-t-il affirmé. Son versement débute lundi pour les étudiants et s'étalera jusqu'en février pour les retraités qui seront les derniers à en bénéficier. Cette indemnité s'ajoute au chèque énergie destiné à 6 millions de Français pour compenser la hausse des carburants.
franceinfo : L'indemnité inflation, le chèque énergie, ce sont des aides bienvenues ?
Christophe Robert : Pour la moyenne des ménages, c'est à peu près 1 600 euros du budget qui est consacré pour se chauffer. Avec les hausses qu'on a eues, 50 à 70% d'augmentation du gaz depuis le début de l'année, cela ne vient même pas compenser l'augmentation. Cela fait du bien, mais ce sont des pansements. On voit bien qu'il y a un problème structurel.
Quand on a une passoire thermique, c'est-à-dire un logement qui est mal isolé, la réponse va être structurelle.
Christophe Robertà franceinfo
Quand on a des difficultés financières parce qu'on a des petits salaires et qu'on fait face à une flambée des coûts du logement, des charges liées au logement, de l'essence, on voit bien qu'il faut des réponses beaucoup plus structurantes pour les 5 millions de ménages, par exemple les plus fragiles, avec une augmentation des APL. Donc cela fait du bien, ce sont des pansements, cela va aider un petit peu ces ménages, mais on sent bien que ce n'est pas la réponse durable aux fragilités d'un certain nombre de concitoyens les plus pauvres ou ceux qui travaillent et qui ont des petits salaires.
Ces aides vous paraissent-elles bien ciblées ?
C'est difficile de cibler ce type de dette parce qu'il y a des gens qui utilisent énormément leur voiture et ça ne va même pas compenser la hausse du prix du litre, et d'autres qui l'utilisent moins parce qu'ils ont la chance d'être dans de grandes villes avec des transports en commun. Bref, on voit bien qu'on est face à des situations où les problématiques sont beaucoup plus larges. La hausse des coûts de l'énergie, la question de la rénovation thermique des logements, la question des petits salaires qui doivent appeler des réponses beaucoup plus structurantes pour pouvoir favoriser la vie au quotidien de nos concitoyens. Il y a un autre sujet. Quand vous regardez les dépenses incontournables, le loyer, les charges, l'éclairage, pour certains ménages qui ont de faibles ressources, y compris quand ils ont un emploi pour beaucoup, ils ont dépensé 80% de leur budget dans les dix premiers jours du mois et ces dépenses sont incontournables. Après, il ne reste plus grand chose pour vivre au quotidien. C'est ça qui, aujourd'hui, frappe nos concitoyens les plus fragiles.
Parle-t-on suffisamment du pouvoir d'achat dans cette campagne présidentielle ?
Le pouvoir d'achat, oui, on l'entend. Mais comment va-t-on faire ? Est-ce qu'on est prêt à réguler les marchés ? Les marchés immobiliers ? Est-ce qu'on est prêt à se dire que les APL, c'est le bon levier pour aider les ménages qui n'arrivent pas à payer leurs charges ? Est-ce qu'on est prêt à dire qu'on va encore aller plus loin dans la rénovation thermique des logements pour faire baisser la facture des ménages et avoir un impact sur les émissions de gaz à effet de serre ? Est-ce qu'on est prêt à voir plus de redistribution dans ce pays pour que ceux qui, effectivement, sont en situation de fragilité puissent s'en sortir mieux ? Il semble qu'on vient de passer un moment où les éléments essentiels, les biens essentiels, la fragilité de certains étaient rendus visibles aux yeux de tous, à côté de la crise sanitaire et des enjeux autour de l'hôpital, par exemple.
C'est un bon moment, le moment de l'élection présidentielle pour se dire quelle société nous voulons. Nous qui avons un système de protection que beaucoup de pays aimeraient avoir. Est-ce qu'on veut le réactiver ?
Christophe Robertà franceinfo
Combler les manques ? Par exemple, les jeunes de moins de 25 qui n'ont pas le RSA : est-ce qu'on est prêt à le faire encore évoluer avec les éléments de la modernité pour une société plus juste, plus solidaire, finalement plus protectrice ?
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