"Je suis désespéré" : les salariés de l'usine Renault de Flins ne croient plus en l'avenir du site emblématique du constructeur
Le constructeur français est en pleine difficulté. Un projet de restructuration a été rendu public vendredi matin. Reportage à l'usine Renault de Flins, un des sites historiques de la marque au losange désormais en sursis.
Entre 12h30 et 13h30, c’est un chassé croisé de voitures qui a lieu, vendredi 29 mai, devant l'entrée de l'usine Renault de Flins, situé à Flins-sur-Seine dans les Yvelines. L'équipe du matin passe le relais à celle de l'après-midi. Les salariés ont appris le contenu des annonces formulées vendredi par Renault au cours d'un comité central social et économique (CCSE) extraordinaire. Le constructeur automobile a annoncé 15 000 suppressions de postes dans le monde, dont 4 600 en France. Mais il n'y aura aucun licenciement sec, jure le groupe. Son plan d'économies de deux milliards d'euros sur trois ans passe aussi par une restructuration industrielle avec notamment des sites menacés et la fermeture de l’usine de Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne.
Navire amiral du groupe Renault
Karim, embauché depuis quatre ans, était parmi les présents quand la direction a annoncé la fermeture de l'usine de Choisy-le-Roi, qui comprend 260 salariés pour réparer des moteurs et des boites de vitesses utilisées pour du réemploi. Activité qui sera donc transférée sur Flins, tout comme certaines autres. Karim n'en croyait pas ses oreilles : "Les gens qui ont fait des crédits à long terme ils vont faire comment ?" Quant au site historique de Renault, l'usine de Flins, elle ne produira plus aucune voiture d'ici quelques années. "Sur l’avenir de Flins, je suis désespéré", confie Karim.
Cette séquence d'actualités d'octobre 1952 le rappelle pourtant, Flins c'est le navire amiral de Renault. La plus vieille usine depuis la fermeture de Boulogne-Billancourt, 400 000 véhicules, 20 000 salariés dans les années 1970. La Dauphine, la 4L, la R5, puis la Clio. Le berceau des best-sellers de Renault.
Aujourd'hui, sur ces 230 hectares, 2 600 salariés n'y construisent plus qu'une seule voiture depuis l'arrêt des chaînes de la Nissan Micra. Il s'agit de la Zoé, petite voiture électrique. Et quand sa production cessera vers 2024, il n'y aura alors plus une seule automobile à sortir de l'usine de Flins. Wolkan, venu travailler ici pour ça, est atterré : "Depuis que je suis sorti de l’école, je produis des voitures. D’un coup, ils me disent d’arrêter. Mon envie, c’est de faire des voitures, pas des moteurs ou des boites de vitesse."
Un site avec des faiblesses ?
Les difficultés de Flins ne datent pas de la crise du coronavirus. Depuis plusieurs années, l'incertitude plane sur le site. Trop grand, trop proche du bassin d'emploi de Paris, ce qui provoque une instabilité dans les équipes et des coûts de formation plus importants. Xavier, est justement formateur. Il aligne 27 ans d'usine à Flins, il admet que le site a des faiblesses. "Flins, c’est quand même la plus vieille usine du groupe, la moins pratique au niveau production, reconnaît-il. On se retrouve avec un seul véhicule électrique. On a des bruits qui court que l’on va le perdre. Donc, quelque part on s’y attendait plus ou moins."
Mon père a fait l’ouverture en 1952, moi je ferai la fermeture avant de partir.
Xavier, formateur à l'usine Renault de Flinsà franceinfo
"Faut quand même penser que si on retire l’usine, il y a les intérimaires et les embauchés plus les milliers de gens qui travaillent indirectement. C’est des milliers et des milliers d’emplois qui vont sauter", prévient Xavier. Et selon le PDG de Renault, Jean-Dominique Senard, Flins perdra dans l'affaire un millier d’emplois. En 2024, il devrait donc rester 1 600 salariés sur le site.
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