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Inflation : "Il y aura des départs en vacances plus proches de chez soi, pour moins longtemps et pour moins cher", selon une spécialiste

Plus d'un Français sur deux prévoit de partir en vacances cet été, mais un quart des futurs vacanciers prévoient un budget moindre que celui de l'an dernier. 

Article rédigé par Mathilde Goupil - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Si vous ne savez pas où partir en vacances au mois d’août, il n’est pas trop tard. On fait le point avec Sophie Lanson, sur le plateau du 13 Heures, sur les réservations du mois d’août. (ERIC BERACASSAT / HANS LUCAS / AFP)

Faites-vous partie des plus chanceux ? Plus d'un Français sur deux (55%) prévoit de partir en vacances cet été, selon une étude de l'Ifop (en PDF). Un pourcentage en hausse par rapport à l'été 2020 (47%), marqué par la crise sanitaire. 

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Mais alors que l'inflation a dépassé en mai la barre des 5% sur un an pour la première fois depuis 1985, les futurs vacanciers restent attentifs aux dépenses : un quart d'entre eux prévoient un budget plus bas que celui de l'été dernier, selon la même enquête. Comment l'inflation grignote-t-elle les projets de congés pour l'été ? Franceinfo a interrogé Sandra Hoibian, directrice générale du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), spécialiste des questions liées au tourisme.

Franceinfo : la pression sur le pouvoir d'achat a-t-elle des conséquences sur les décisions des Français concernant leurs congés d'été ?

Sandra Hoibian : Oui, il est très probable que ça soit le cas car les vacances constituent la première variable d'ajustement en temps de crise, avec un frein au départ qui est d'abord le motif financier. Le premier poste de dépenses des Français en matière de vacances, c'est celui des transports. Et comme ils se déplacent majoritairement en voiture, et que le coût des carburants a augmenté de 28%, il y a aura forcément un impact sur leurs choix. On peut supposer qu'il y aura des départs plus proches de chez soi, pour moins longtemps et pour moins cher, et que les Français limiteront le nombre d'endroits où ils iront en vacances, afin de réduire leurs déplacements.

Pourtant, on entend l'industrie touristique se réjouir du taux important de réservation dans les hébergements. Comment expliquer ce paradoxe ?

Il faut distinguer les types de partants : sur les 60% de Français qui partent en vacances, 40% partent à l'économie, dans des établissements non-marchands, donc chez des amis ou de la famille. Les 20% restants dépensent des budgets plus conséquents, avec des billets de train ou d'avion, des restaurants, des hébergements marchands... L'industrie touristique est plutôt partie pour bien reprendre car les ménages plutôt aisés ont mis de côté durant la pandémie en raison de la réduction des dépenses de loisirs.

C'est le phénomène de "revenge tourism" : on va essayer de rattraper les privations de ces dernières années en s'offrant de belles vacances. Il est peu probable que l'inflation et le prix des carburants limitent leurs départs. Mais ça n'est pas le cas pour les classes moyennes. Donc vous pouvez très bien avoir une industrie touristique qui repart avec moins de gens qui partent en vacances. C'est signe que les inégalités progressent.

Le gouvernement multiplie les gestes de soutien concernant le pouvoir d'achat. Mais rien sur les vacances. Qu'en pensez-vous ?

On parle beaucoup de la question du soutien aux dépenses d'alimentation, aux factures d'énergie… Mais le soutien aux vacances est rarement considéré comme une urgence, car on se dit que ça n'est pas un besoin essentiel. Pourtant, quand on regarde le résultat des études sur la qualité de vie, les vacances font vraiment la différence en termes de bien-être. Partir en vacances est donc aussi un enjeu de cohésion sociale, de mixité.

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