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L'administration Bush joue les pompiers de la finance

Quatre mois après avoir volé au secours de la banque Bear Stearns, les autorités américaines ont de nouveau mis un mouchoir sur leurs convictions libérales, en dévoilant des mesures destinées à soutenir deux firmes de refinancement hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, menacées d'implosion.
Article rédigé par franceinfo
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L'honorable John Meynard Keynes, théoricien britannique de l'Etat-providence, en aurait le sourire jusqu'aux oreilles. La très libérale administration Bush semble trouver certaines vertus à l'intervention de l'Etat dans les rouages du big business. Le Trésor et la banque centrale des Etats-Unis ont décidé de voler au secours de deux nouvelles victimes de la crise des subprimes, dont le naufrage pourrait un peu plus tirer la finance américaine - et donc mondiale - vers le fond.

Fannie Mae et Freddy Mac sont des établissements de refinancement hypothécaires. Ils jouent un rôle central dans le financement du marché immobilier américain, malmené depuis un an. A eux deux, ils détiennent ou garantissent 5.200 milliards de dollars de créances hypothécaires, soit plus de 40% de l'encours de crédit immobilier de la première puissance économique
mondiale.

Steppes néandertaliennes

Mais ces deux mastodontes, tels les puissants mamouths de la préhistoire, se sont retrouvés attaqués de toutes parts en bourse. La raison ? Avec l'augmentation des impayés de prêts immobiliers, les marchés se sont convaincus que Fannie Mae et Freddie Mac n'avaient plus un sou vaillant. Leur capital siphonné par la crise du crédit en quelque sorte. Or, tout comme dans les sauvages steppes néandertaliennes, les marchés sont sans pitié pour les animaux malades, ou présumés malades, du troupeau. Les titres Fanny Mae et Freddie Mac se sont effondrés de 50% vendredi dans une atmosphère frénétique.

Face à la perspective de deux faillites catastrophiques, l'administration Bush a donc dû se résoudre au sacrilège libéral : l'intervention. Tout grommelant, le secrétaire d'Etat au Trésor, Henry Paulson, a dû convenir qu'il fallait “maintenir la confiance et la stabilité” du système financier et des marchés américains. Le Trésor va ainsi augmenter “temporairement” la ligne de crédit qu'il consent aux deux “naufragés”, actuellement limitée à 2,25 milliards de dollars. Mais il refuse de préciser à combien se monte cette augmentation. Par ailleurs il pourra, toujours “temporairement”, acheter des actions des deux firmes. La banque centrale de son côté laissera accéder les deux groupes à ses facilités de refinancement.

Première intervention en mars

C'est la seconde fois depuis l'éclatement de la crise des subprimes que l'administration Bush doit malgré elle se teinter de welfare state (Etat providence). En mars, elle a dû venir au secours de la banque Bear Stearns, que le marché soupçonnait aussi de fragilité. Mais comme dit le proverbe chinois : “une méthode fixe n'est pas une méthode”.

Grégoire Lecalot, avec agences

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