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La Caisse d'Epargne perd 600 millions. Inacceptable, juge Nicolas Sarkozy

La Caisse d'Epargne annonce avoir perdu "de l'ordre de 600 millions d'euros" lors d'un "incident" dans le cadre de son activité sur les marchés d'actions, pendant la semaine du 6 octobre marquée par le krach boursier. Une perte qui n'est "pas acceptable", a jugé le président français Nicolas Sarkozy, déclarant que "les responsables doivent en tirer les conséquences".
Article rédigé par franceinfo
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"L'incident" s'est produit dans le cadre des activités de "dérivés actions" de la Caisse nationale des Caisses d'Epargne (CNCE), l'organe central de la banque mutualiste. Cette perte a été subie dans le cadre de son activité pour compte propre, par opposition aux activités pour le compte de clients, précise le communiqué.
_ "Compte tenu de son niveau de fonds propres, plus de 20 milliards d'euros, et de son importante liquidité, cette perte n'affecte pas la solidité financière du groupe et n'a aucune conséquence sur la clientèle", assure la CNCE.

A la suite de cette perte, le directeur financier du groupe a été limogé, a-t-on appris de source proche du dossier. La Caisse d'Epargne a annoncé le 8 octobre une fusion avec la Banque Populaire, un mariage précipité par la crise financière, qui doit permettre à ces deux banques mutualistes de former la deuxième banque de dépôt française.

La Banque de France n'a pas souhaité commenter l'information, révélée vendredi matin par le journal La Tribune. Cette perte est intervenue la semaine dernière dans un marché extrêmement volatil. Le CAC a enregistré en une semaine la plus forte perte de son histoire (-22,2%).

Bercy diligente une mission de contrôle dans les banques

La ministre Christine Lagarde a demandé à la Commission bancaire de lancer "immédiatement" une mission de contrôle dans tous les établissement bancaires. "Je vais d'abord attendre la conclusion du contrôle exercé actuellement par la Commission bancaire et ensuite, nous prendrons nos responsabilités", a déclaré la ministre de l'Economie lors de l'installation du conseil d'administration de la Société française de refinancement de l'économie. "Des sanctions seront prises" contre les Caisses d'Epargne, a précisé la ministre.

Ce soir, le président français s'est également exprimé sur cette perte de trading des Caisses d'Epargne, qu'il a jugé inacceptable. " Mon sentiment est que ce n'est pas acceptable, que tout ceci montre l'inconséquence de l'absence de prise de responsabilité", a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet entre l'Union européenne et le Canada. Et d'ajouter que le montant de la perte "est suffisant pour que les responsables sachent en tirer les conséquences".

Les Caisses d'Epargne ont précisé que cette perte ne remettait pas en cause le projet de fusion avec les Banques populaires, qui a été annoncé la semaine dernière et qui prévoit le rapprochement de leurs organes centraux.

Le nouvel ensemble permettrait de créer le numéro deux sur le marché français après le Crédit agricole. Les deux groupes avaient déjà amorcé un rapprochement en regroupant fin 2006 l'essentiel de leurs activités hors banque de détail et hors immobilier dans leur filiale commune cotée Natixis dont ils détiennent ensemble 70,5% du capital au dernier décompte.

Cette perte est un nouveau coup dur pour les Caisses d'Epargne après les difficultés de Natixis, touchée de plein fouet par la crise financière. Cette dernière a dû procéder à une augmentation de capital en septembre pour renforcer ses fonds propres, sans pour autant dissiper toutes les inquiétudes.

Pour ajouter aux déboires de l'Ecureuil, sa filiale immobilière à 40%, Nexity, a lancé la semaine dernière un deuxième avertissement sur ses résultats annuels suite à la forte dégradation du marché immobilier. Début octobre, des informations de presse formellement démenties par l'Ecureuil, évoquaient des difficultés financières de la banque et un besoin de renforcement des fonds propres.

Caroline Caldier avec agences

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