Les violences en Libye, important exportateur de pétrole, inquiétent les marchés et font bondir le prix du brut
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril a frôlé jeudi les 120 dollars avant de clôturer à 111,36 dollars.
Les prix du pétrole se sont repliés à New York alors que le marché tentait de voir si d'autres pays producteurs pouvaient compenser pour les pertes de production en Libye.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 97,28 dollars, en repli de 82 cents par rapport à la veille.
La pression s'est dégonflée en fin de séance sur un marché qui avait atteint de nouveaux sommets inédits depuis août 2008. Le baril est monté jusqu'à 103,41 dollars en séance, soit une hausse de près de 20% depuis son cours de clôture de vendredi.
"Les informations sur les Saoudiens ont un peu calmé les nerfs", a constaté Tom Bentz, de BNP Paribas.
Le Financial Times et le Wall Street Journal rapportaient jeudi que le pays était "en discussions actives" avec les raffineurs européens pour compenser l'approvisionnement en provenance de Libye.
"Le marché tient compte du facteur risque", explique Pierre Terzian, directeur de la revue Petrostratégies. "La Libye est un producteur important en Méditerranée, avec une production de plus de 1,5 millions de barils par jour (...) et l'impact relatif sur le bassin méditerranéen peut être important", souligne-t-il.
L'Opep surveille la Libye
La révolte en Libye est surveillée avec attention et inquiétude par les autres membres de l'Opep, qui se disent prêts à augmenter leur production en cas de pénurie de pétrole mais excluent toute intervention immédiate, jugeant que le marché demeure largement approvisionné.
Les violences en Libye, qui commencent à affecter la production d'hydrocarbures du pays et ont fait bondir les cours du brut à 108 dollars à Londres, mobilisent l'attention des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont certains étaient réunis mardi à Ryad.
"Nous sommes particulièrement préoccupés par la Libye, car c'est un membre de l'Opep et un important producteur de brut", a souligné Mohammad Ben Zaën al-Hameli, ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, en marge d'une réunion du Forum international de l'énergie (IEF).
L'Arabie saoudite, de loin le plus gros producteur de l'Opep et gendarme du cartel, a affirmé être prête "à réagir immédiatement" pour pallier toute carence qui surviendrait du fait des mouvements de révolte en Libye.
Important fournisseur des pays européens
La Libye, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est l'un des quatre principaux producteurs d'Afrique avec le Nigeria, l'Angola et l'Algérie. Sa production est évaluée entre 1,5 et 1,8 million de barils/jour avec des réserves estimées à 42 milliards de barils, selon des données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Tripoli est surtout un important fournisseur des pays européens, avec plus de 400.000 barils exportés quotidiennement vers l'Italie, 178.000 vers l'Allemagne, 133.000 vers la France et 115.000 vers l'Espagne, d'après des statistiques de 2009.
La situation a conduit plusieurs grandes compagnies étrangères opérant en Libye à annoncer le rapatriement de leur personnel non indispensable dans le pays, une mesure habituelle dans ce type de crise mais qui n'affecte pas pour encore la production, selon Pierre Terzian.
Les risques de pénurie sont faibles au regard des stocks élevés dans les pays de l'OCDE et des capacités excédentaires de production de l'Opep, qui reposent en grande partie sur les capacités de l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole, indique Christophe Barret, analyste pour le Crédit Agricole à Londres.
Le marché scrute les moindres signes de contagion au reste de la région, de l'Algérie, à Bahreïn en passant par l'Iran, tous des acteurs importants dans le secteur des hydrocarbures et où des manifestants réclament des changements politiques.
"Le marché commence à prendre une vue d'ensemble. Si vous suivez cette sorte d'effet domino et où il mène en dernier recours, alors le risque devient de plus en plus important", souligne de son côté David Hart, analyste chez Westhouse Securities.
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