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"Charlie Hebdo" : un an après, des rescapés et des témoins se souviennent

Des membres de la rédaction de "Charlie Hebdo", mais aussi un policier et des voisins, se rappellent de ce 7 janvier 2015, où les frères Kouachi ont tué douze personnes.

Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte "Je suis Charlie" prise en photo à La Rochelle (Charente-Maritime), le 7 janvier 2015, après l'attentat contre "Charlie Hebdo". (XAVIER LEOTY / AFP)

Un an jour pour jour, les frères Kouachi sont entrés lourdement armés dans la rédaction de Charlie Hebdo. Ils ont abattu douze personnes. Parmi eux : les journalistes et dessinateurs de l'hebdomadaire satirique mais aussi des policiers, un agent d'entretien, une psychanalyste, un correcteur et un économiste. Ceux qui ont vécu l'attentat se souviennent de ce 7 janvier 2015. Francetv info a rassemblé ici quelques témoignages.

Eric Portheault, un des directeurs de "Charlie Hebdo"

Eric Portheault était présent dans les locaux du journal lors de l'irruption des frères Kouachi. Il a tout juste le temps de se cacher sous son bureau. Un an après ces attentats, il se bat pour la survie de Charlie Hebdo dans une ambiance sécuritaire.

"C'est dangereux de travailler pour 'Charlie Hebdo', c'est dangereux de dessiner pour 'Charlie Hebdo'. Travailler dans un endroit qui est blindé de haut en bas avec des agents de sécurité, avec des officiers de sécurité qui vous suivent dans vos moindres déplacements, avec des policiers devant chez vous, devant vos locaux, c'est très particulier", explique-t-il.

Coco, une dessinatrice de "Charlie Hebdo"

Corinne Rey, dite Coco, s'est retrouvée nez à nez avec les frères Kouachi en bas de l'immeuble de Charlie Hebdo. Arme braquée sur elle, elle a été contrainte de conduire les terroristes dans les locaux de la rédaction. Elle est une des miraculées du 7 janvier.

"Quand je fais le code, j'ai la kalachnikov que je sens un moment dans mon dos. Je pense à ma fille. Tout se bouscule. Je suis complètement déchirée en fait", se rappelle-t-elle aujourd'hui.

Patrick Pelloux, ancien chroniqueur à "Charlie Hebdo"

L'urgentiste Patrick Pelloux, ancien chroniqueur de Charlie Hebdo, se consacre désormais à la médecine. 

 "Il y a des choses qui sont finies avec la mort de mes amis.", a-t-il confié au Parisien, le 12 novembre. "Je suis dans un long travail de reconstruction personnelle. J'allais mieux, et puis, le 21 août, tout le drame de janvier m'est revenu en pleine figure avec l'attentat du Thalys. Mon époque est terminée. Je n'arrive plus à écrire ma chronique sur l'hôpital."

Martin Boudot, un journaliste d'une agence voisine

En face du siège de Charlie Hebdo se trouvent les locaux de l'agence de presse Premières Lignes. Quand les frères Kouachi pénètrent dans les locaux de l'hebdomadairel'équipe se réfugie sur le toit, juste au-dessus de la salle de réunion de Charlie Hebdo.

Martin Boudot, l'un des journalistes, se rappelle ce 7 janvier 2015 pour "Complément d'enquête""C'est des tirs d'exécution, c'est espacé… Toum, toum, toum… se remémore-t-il. On sait que chaque balle est pour quelqu'un."

Le policier qui a fait face aux frères Kouachi

Le 7 janvier 2015, le gardien de la paix effectue avec deux autres collègues une patrouille en voiture quand il se retrouve face à Chérif et Saïd Kouachi qui sortent de l'immeuble de Charlie Hebdo. Un an après, il raconte la scène.

"La portière s'ouvre, le passager avant droit sort. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Il épaule une arme longue et là... Le bruit, le feu, la flamme sort de l'arme. On se couche dans la voiture. Je suis au volant, je suis couché. Je choisis de passer la marche arrière. Il faut qu'on sorte de cette rue, il faut qu'on puisse se mettre à couvert pour intervenir d'une autre manière. Là, le bruit est assourdissant dans la voiture, le pare-brise est en train de péter de partout", raconte-t-il.

Le kiosquier de Cabu et Wolinski

Patrick Deschamps vend des journaux depuis plus de trente ans dans un kiosque de Saint-Germain-des-Près à Paris. Cabu et Wolinski sont ses clients. Le 7 janvier 2015, à sa pause de midi, Patrick Deschamps rentre chez lui dans le nord de Paris. Il croise le chemin des frères Kouachi quelques minutes après la tuerie. Les terroristes l'arrêtent et lui volent sa voiture. 

"Le conducteur me met la Kalachnikov et me dit 'Tu descends, on a besoin de ta voiture'. Je demande à récupérer mon chien, confie-t-il à BFM. Ils me disent aussi qu'ils représentent Al Qaïda au Yémen et repartent en direction de la porte de Pantin".

Une voisine de "Charlie Hebdo"

Âgée de 28 ans, la jeune femme travaille au 10 rue Nicolas Appert à Paris, juste en dessous des anciens locaux de Charlie Hebdo. Par sa fenêtre, elle a vu les terroristes arriver, raconte-t-elle à RFI.

"C’est un peu dur. Des fois j’oublie et des fois ça revient. Je pense que j’ai une peur un peu constante maintenant. J’ai l’impression qu’à chaque coin de rue ou dans le métro, quelqu’un va sortir une arme et tirer. Mais la vie continue", explique-t-elle.

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