Cinq moments cultes de Jean-Pierre Elkabbach à la radio et à la télévision
Le journaliste, âgé de 79 ans, a été écarté lundi de la matinale d'Europe 1. Les auditeurs pourront néanmoins le retrouver le week-end sur les ondes de la station.
Un petit air de révolution. C'est le parfum qui doit flotter rue François 1er, dans les locauxd'Europe 1. La station de radio, qui fait face depuis plusieurs mois à des audiences en berne, a choisi, lundi 12 décembre, de se séparer de l'une de ses cartes les plus emblématiques : Jean-Pierre Elkabbach. Le journaliste, âgé de 79 ans, sera privé de son interview quotidienne à partir du 2 janvier.
Il sera remplacé par Fabien Namias, qui abandonne au passage son poste de directeur général délégué. Mais celui qui semblait indéboulonnable ne quitte pas pour autant Europe 1 puisqu'il continuera à animer le dimanche "Le Grand rendez-vous" et sera chargé d'une interview le samedi et le dimanche à 8h20.
Pourtant, c'est bien une page qui se tourne pour Jean-Pierre Elkabbach (et les auditeurs) après 29 ans au même poste. Franceinfo vous fait revivre 5 moments cultes du journaliste au micro.
Le coup de chaud avec Bruno Le Maire
C'est son dernier coup d'éclat ou plutôt sa dernière esclandre. Nous sommes jeudi 17 novembre et Jean-Pierre Elkabbach a été préféré à son jeune confrère Thomas Sotto pour représenter Europe 1 lors du dernier débat de la primaire de la droite et du centre. Sur le plateau de France 2, le journaliste va avoir une vive passe d'armes avec Bruno Le Maire, le candidat du "renouveau".
Bruno Le Maire : "Ne laissons pas le monopole du renouvellement politique à la gauche. Il serait bon aussi que chez nous à droite, au centre, on soit capable de montrer qu'il y a des des idées nouvelles, des visages nouveaux, on est capable de changer."
Jean-Pierre Elkabbach : "Pourquoi ça ne fonctionne pas avec vous ?"
Bruno Le Maire : "Mais qu'est-ce qui vous dit Jean-Pierre Elkabbach que ça ne va pas fonctionner ? Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ? Vous savez ce que vont voter les Français ? Vous savez, il y a une France des sondages, une France des commentateurs, il y a une France des journalistes, elle est totalement libre, elle a le droit de commenter et puis il y a la France des Français..."
Jean-Pierre Elkabbach : "On en parlera lundi matin..."
Bruno Le Maire : "Monsieur Elkabbach, je suis candidat à la primaire, ça mérite tout simplement le respect de votre part, et je n'ai pas à recevoir de leçons sur ma candidature. Ce sont les Français qui jugeront, ce n'est pas vous."
Le "Vous n'avez pas honte ?" lancé à Marine Le Pen
C'est l'une des "punchlines" les plus célèbres de Jean-Pierre Elkabbach. Le journaliste politique a en face de lui Marine Le Pen le lendemain de la marche du 11 janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. La présidente du Front national est notamment contrainte d'expliquer son choix de manifester seule à Beaucaire, dans le Gard, loin de l'unité nationale. Au micro, l'intervieweur d'Europe 1 attaque dès la première phrase.
Jean-Pierre Elkabbach : "Bonjour Marine Le Pen. Vous n'avez pas honte ?"
Marine Le Pen : "Pardon ?"
Jean-Pierre Elkabbach : "Le monde entier était à Paris hier, c'était au-delà de l'union nationale, l'union européenne, l'union planétaire pour lutter contre le terrorisme et les démocrates se sont passés de vous car vous n'y étiez pas. Vous pensez aller devant 1 000 personnes à Beaucaire c'est-à-dire chez les vôtres."
Marine Le Pen : "C'est le gouvernement et un certain nombre de partis politiques qui, quelques heures après l'attentat, sont tombés dans la basse politique politicienne."
"Le mur" avec André Vallini
Là aussi, la réplique est devenue culte. Et là encore, Jean-Pierre Elkkabach choisit l'attaque en destabilisant son invité dès la première question. Ce 13 mai 2014, il reçoit André Vallini, alors secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, venu défendre son projet de réforme au micro d'Europe 1.
Jean-Pierre Elkabbach : "Quelle couleur vous préférez pour le mur ?"
André Vallini : "Pour le mur ? Quel mur ?"
Jean-Pierre Elkabbach : "Comment quel mur ? Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser."
André Vallini : "D'abord, elle ne va pas se fracasser. Je pense que l'on peut réussir cette réforme même si les résistances sont nombreuses, les Français attendent cette réforme."
La mère de Gérald Darmanin
La question avait choqué les internautes. Le 8 septembre 2014, Jean-Pierre Elkabbach reçoit le député-maire UMP de Tourcoing, Gérald Darmanin, pour une interview classique. Mais l'échange va prendre une curieuse tournure et s'orienter sur la profession de la mère de l'invité.
Jean-Pierre Elkabbach : "Gérald Darmanin, vous venez de loin, d'où viennent vos parents ?"
Gérald Darmanin : "J'ai un grand-père maltais. Darmanin, c'est maltais. J'ai un grand-père tirailleur algérien et j'ai deux grand mère flamandes."
Jean-Pierre Elkabbach : "Que font vos parents ?"
Gérald Darmanin : "Ma mère est femme de ménage et mon père, désormais retraité, était commerçant."
Jean-Pierre Elkabbach : "Elle est toujours femme de ménage ?"
Gérald Darmanin : "Oui, elle est encore femme de ménage."
Jean-Pierre Elkabbach : "Vous la laissez être femme de ménage ?"
Gérald Darmanin : "Je trouve cette question un peu indécente. Par ailleurs, je crois qu'elle a dû s'arrêter quelques minutes pour m'écouter ce matin."
Jean-Pierre Elkabbach :"Elle a bien fait !"
Le "taisez-vous" de Georges Marchais qui n'a jamais existé
C'est une phrase culte qui n'a pourtant jamais existé, comme le rappelle Le Figaro. "Le taisez-vous Elkabbach" n'a en effet jamais été prononcé par Georges Marchais mais fut inventé par l'humoriste Thierry Le Luron. Ce dernier s'est cependant bien inspiré d'une passe d'armes entre le journaliste et le secrétaire général du Parti communiste français. Nous sommes en 1978 et c'est le second tour des élections législatives.
Georges Marchais : "Attendez, écoutez, vous avez déjà reçu un avertissement de tous les syndicats de journalistes contre le fait qu'on ne peut pas s'exprimer à Antenne 2."
Jean-Pierre Elkabbach : "Ce qui est faux. Faut pas se mêler de problèmes de journalistes, on y répondra quand il le faudra M.Marchais."
Georges Marchais : "Ecoutez Elkabbach, c'est je crois une soirée suffisamment sérieuse... Si vous pensez que ma place n'est pas souhaitable puisque la droite elle a gagné, moi je laisse la place à la droite et je vais ailleurs. On me demande ailleurs, je peux y aller. Parce que c'est extrêmement désagréable de discuter avec vous. Je crois que les syndicats ont raison de protester contre le fait que l'information avec vous sur Antenne 2 a dû mal à s'exprimer."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.