Couverture sur les Roms : le coup de com' de Valeurs actuelles
Le dossier incriminé fait sept pages
autour des résultats d'un sondage Harris Interactive qui tient en trois questions. Un article
éditorialisé, l'analyse des chiffres du sondage avec le prisme du rejet, un
reportage en Loire-Atlantique et pour conclure un entretien avec le
député-maire de Nice Christian Estrosi.
Sa sortie a profité d'un lancement médiatiquement bien orchestrée.
La Une a été diffusée sur les réseaux sociaux la veille de la sortie en
kiosque, ce qui n'est pas l'habitude du magazine, même si cela devrait se
généraliser avec l'embauche récente d'un Community Manager.
Aussitôt, plusieurs twittos font suivre l'information qui fait
réagir. Entre réponses et retweets, la polémique monte en même temps que le
buzz.
Point d'orgue de l'emballement,
l'indignation du Parti socialiste dans un communiqué. Le PS y dénonce une
couverture "indigne, anti-républicaine et (qui) incite à la
violence xénophobe contre une catégorie de la population.
Les valeurs nauséabondes qui y sont véhiculées n'ont rien d'actuelles, elles sont
anti-républicaines ", écrit-il.
"Cette Une est la
manifestation d'une campagne politique intolérante et intolérable. Nous
mettons en garde contre la banalisation de ce type de campagnes et d'idées
contre lesquelles le PS a décidé de lancer l'offensive. Halte à l'overdose
xénophobe !"
Le communiqué est signé du porte-parole du PS David Assouline qui en
rajoute sur Twitter.
Le magazine rajoute une épaisseur à la polémique en répondant par un autre communiqué dans lequel il ne s'interdit pas de porter plainte contre David Assouline sous prétexte d'intimidation et de calomnie.
Chez Valeurs actuelles , on s'étonne de cette polémique.
Il faut dire que la formule a changé depuis janvier et que le magazine n'en est
pas à sa première Une provocante. Les phrases choc se multiplient : "Ces Français qu'on baillonne ", "La justice pervertie ", "La
république des menteurs ", "Nos villages qu'on assassine ", etc. Geoffroy
Lejeune, le rédacteur en chef adjoint de Valeur actuelles chargé du dossier
sur les Roms, reconnait que le ton du magazine a changé. "On s'est
réveillé et maintenant on ose dire tout fort ce qu'on a toujours pensé ".
Un créneau politique abandonné par les magazines
Le discours peut rappeller celui de la droite populaire, une droite
décomplexée théorisée et popularisée pendant la campagne présidentielle par Patrick
Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy. Une ligne qui a pour ambition de faire
le lien entre la droite traditionnelle et l'extrême droite. Selon
Christian Delporte, spécialiste des médias, auteur d'Une histoire de la
séduction politique aux Editions Flamarion, la nouvelle formule lancée en
janvier a permis un repositionnement de Valeurs actuelles dans cette case de
l'échiquier politique abandonné par les autres magazines d'actualité.
Une stratégie efficace pour l'instant puisque selon les derniers chiffres
officiels de l'OJD, Valeurs actuelles a gagné au premier trimestre 2013 près de
10% de lecteurs. Une hausse qui peut paraître impressionnante mais qui laisse
le magazine à un niveau très faible de 90.000 exemplaires vendus, à l'avant
dernière place du classement des ventes des hebdomadaires.
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