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Crise des otages : les maladresses de la communication élyséenne

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont retrouvé la liberté aujourd'hui. Pendant leurs 547 jours de détention, la communication de l'Élysée, du gouvernement et de l'armée, a été émaillée de polémiques, d'indiscrétions et de fausses annonces.
Article rédigé par franceinfo
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Les deux journalistes de France 3 sont enlevés le 30 décembre 2009. Douze jours plus tard, première déclaration malheureuse, prononcée par le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant : il dénonce alors "l'imprudence vraiment coupable" dont auraient fait preuve les deux reporters et le "scoop (...) recherché à tout prix".
"Il sera temps, une fois qu'on les aura fait revenir dans leurs familles,
de voir ce qui s'est passé, et pourquoi ils se sont conduits comme cela",
renchérit quelques jours plus tard le président Nicolas Sarkozy.
Ces déclarations suscitent l'indignation.

Manque de discrétion

Deux mois plus tard, nouvelle indignation face aux propos du général Jean-Louis Georgelin. Alors que la discrétion semble nécessaire dans cette affaire, le chef d'état-major des armées déclare que le gouvernement a "déjà dépensé plus de dix millions d'euros pour cette affaire". Des propos qui vont en plus compliquer les choses sur le terrain, puisque les ravisseurs interprètent ce chiffre comme une rançon dont ils n'auraient pas vu la couleur...

En mai 2010 également, Bernard Kouchner, alors chef de la diplomatie, annonce que les otages sont déplacées "la nuit, de maison en maison", prenant le risque de réactions incontrôlées des ravisseurs.

Une succession de faux espoirs

Le 14 février 2010, une première vidéo des otages est transmise par les ravisseurs. Dix jours plus tard, Nicolas Sarkozy appelle les familles des otages, la libération semble acquise. Mais les heures passent, le président a parlé trop vite.

En septembre 2010, le successeur du général Georgelin, l'amiral Edouard Guillaud, annonce publiquement espérer une "libération avant Noël". Plusieurs ministres parlent également dans les médias de "brefs délais" ou de "processus en cours". Mais les otages entament finalement leur deuxième année de captivité.

Le 2 mai dernier, encore, le ministre de la Défense Gérard Longuet estime que la mort d'Oussama Ben Laden peut jouer "positivement" sur le sort des deux journalistes.

Une succession de faux espoirs qui met à rude épreuve les familles. Le comité de soutien met alors carrément en doute publiquement la réalité des tractations.
Des rumeurs à répétition, qui ont même fait douter les membres du comité de soutien à l'annonce de la libération. "On avait reçu plein de fois des nouvelles positives", "on nous disait à chaque fois qu'ils allaient être libérés", expliquent plusieurs membres du comité de soutien. "Les rumeurs, depuis un an et demi, ça avait été quelque chose de très dur à vivre", ajoute Florence Aubenas.

Clara Beaudoux, avec agences

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