: Podcast "Au comptoir de l’info", Maryse Burgot, grand reporter et ancienne correspondante de France 2 à Londres et Washington
EPISODE 3 : La journaliste, spécialiste de la couverture de conflits armés et de catastrophes naturelles (Kosovo, Syrie, Haïti) livre ses méthodes de travail sur des terrains dangereux. Elle explique pourquoi elle a choisi de repartir au front, après avoir été otage sur l’île de Jolo, aux Philippines, en 2000.
"Je ne voulais pas être "cette petite chose" qui avait été otage à Jolo et qu’on allait surprotéger. Je voulais continuer". Quand Maryse Burgot était prisonnière "au pied d’un arbre" pendant plusieurs semaines, elle s’était promis de ne plus jamais repartir. Depuis cet été 2000, c’est pourtant tout le contraire qu’elle a fait : elle s’est rendue sur de nombreux terrains de guerre, elle a également couvert des catastrophes naturelles comme le séisme en Haïti en 2010. Sa façon de se protéger face à la souffrance des victimes ? "Je ne me permets pas d’avoir des états d’âme, je ne culpabilise pas parce qu’il ne faut pas. Ce sont les gens qui souffrent, pas moi. Mais le soir, parfois, je suis triste".
"Nos journaux ne sont pas sensationnalistes"
Maryse Burgot revient également sur le reportage réalisé avec Agnès Vahramian où, 75 ans après, elles organisent devant les caméras de France 2, les retrouvailles d’un vétéran américain et d’une Française. Ils avaient vécu une histoire d’amour en 1944, et ne s’étaient jamais revus depuis. La journaliste estime qu’elle avait le droit d’interférer ainsi sur la réalité parce que le vétéran avait dit qu’il aimerait revoir son amour de jeunesse. Elle avoue que c’est la première fois que l’un de ses reportages suscite autant de retours positifs. De manière générale, selon Maryse Burgot, les journaux de France 2 ne sont pas sensationnalistes, ils ne sont pas "plein d’émotion, mais au contraire parfois un peu austères."
"Je ne cherchais pas à être la copine de François Hollande"
Enfin, de son expérience de journaliste politique lorsque pendant trois ans, elle a suivi l’Elysée, sous le quinquennat de François Hollande, Maryse Burgot a découvert la proximité avec le pouvoir. Elle dit qu’elle a voulu quitter ce milieu. Son objectif n’était d'ailleurs pas d’être "la copine de François Hollande". Elle regrette que "certains journalistes soient serviles". Et elle estime que, bien que beaucoup de jeunes journalistes sont courageux vis-à-vis des hommes politiques, la profession tout entière paye pour la servilité de quelques-uns.
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A propos du podcast :
"Au comptoir de l'info" est le premier podcast natif de France Télévisions. Sous forme d'interview journalistique, un acteur qui fabrique l'information télévisée du service public — un grand reporter, un cameraman, un présentateur — vient se livrer, raconter, dévoiler la manière dont il travaille. Dans une ambiance sonore de comptoir de café, il confie ses doutes, ses joies, mais aussi ses peurs lorsqu'il est sur le terrain ou en studio. La série est réalisée par François Beaudonnet, éditorialiste sur franceinfo (canal 27) et grand reporter à France 2. Ancien correspondant à Rome et Bruxelles, il a débuté en radio où il présentait le journal de 13 heures sur France Inter.
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