INA : Agnès Saal et Mathieu Gallet visés par une plainte
C’est la suite judiciaire des révélations par la presse des frais de taxis "injustifiés" d’Agnès Saal, la présidente de l’Institut national de l’audiovisuel, poussée à la démission le mois dernier : une plainte a été déposée jeudi auprès du procureur de la République de Créteil par l’association Anticor, une association qui entend lutter contre les atteintes à la probité. La plainte pour "détournements de fonds publics" vise aussi des faits de "favoritisme" qui auraient pu être commis, selon l’avocat d’Anticor, lorsque Mathieu Gallet, actuel PDG de Radio France, dirigeait l’institut (2010-2014).
Au sujet des frais de taxis d’Agnès Saal, Anticor parle d’un possible "détournement de fonds publics" car, selon la plainte, il s'agit de dépenses "le plus souvent pour des motifs le plus souvent étrangers à ses fonctions",. Rappelons les faits : au mois d’avril, un mystérieux corbeau adresse aux administrateurs de l’INA une lettre évoquant de graves dysfonctionnements. Le courrier est accompagné d’un rapport détaillé des factures de taxis d’Agnès Saal, présidente de l’institut depuis mai 2014. Ce rapport précise qu’en dix mois, Agnès Saal – qui avait à sa disposition une voiture avec chauffeur - a totalisé une facture de plus de 40 mille euros auprès de la compagnie G7. L’INA aurait notamment réglé 266 courses le week-end et jours fériés pour la présidente, et 204 courses pour son fils.
Une "dénonciation calomnieuse"
L’intéressée, qui a retrouvé un poste de chargée de mission au sein du ministère de la Culture, a reconnu avoir communiqué son code de réservation de taxi à son fils. "C’est une maladresse, avait-elle indiqué. J’en reconnais la responsabilité et j’ai immédiatement remboursé ses frais" . Mais qu’en est-il de ses dépenses propres ? L’association Anticor souhaite que la justice détermine si ces frais représentaient ou non des dépenses liées aux activités professionnelles d’Agnès Saal.
Jointe par France Info et France Inter, Agnès Saal laisse le soin à son avocat de communiquer. Jean-Pierre Mignard nous indique qu’Agnès Saal a déjà remboursé à l’INA les frais correspondant à des déplacements personnels et aux déplacements de son fils. Selon nos informations, 15.950 euros auraient en effet été rendus. Pour Me Mignard, le procès fait à Agnès Saal est injuste. Le détournement de fonds publics "suppose une intention frauduleuse, une volonté malhonnête. Il n’y a rien de tout cela dans l’attitude de Mme Saal !", s’emporte l’avocat qui évoque une "dénonciation calomnieuse" . Selon lui, en 2014, l’INA a proposé à sa nouvelle présidente d’avoir à sa disposition un deuxième chauffeur (pouvant travailler le soir, le week-end, les jours fériés, etc.). Agnès Saal aurait refusé car le coût engagé était trop important pour l’INA : environ 70.000 euros. Utiliser le taxi était une mesure d’économie, selon l’avocat.
Favoritisme ?
Dans sa plainte, l’association Anticor vise également des faits présumés relevant du délit de favoritisme "pour des dépenses relatives aux marchés de Communication et Conseil passés sans mise en concurrence" datant de l’époque où l’actuel PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Anticor se base sur des révélations de la presse ces dernières semaines. Selon l’hebdomadaire Le Canard enchaîné , l’INA aurait passé, sous la présidence de Mathieu Gallet, plusieurs contrats avec des sociétés de conseil en communication, sans avoir publié d’appel d’offres au préalable. Dans ses colonnes, le Canard cite les conclusions d’une note d’un service de contrôle de Bercy, le CGEFI (contrôle général économique et financier). Ce service aurait relevé des "irrégularités" dans des contrats de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Mathieu Gallet avait alors dénoncé des "allégations diffamatoires" et annoncé qu’il porterait plainte contre le Canard enchaîné . Sollicité, le patron de Radio France n’a pas souhaité commenter le dépôt de la plainte le visant par l’association Anticor.
L’avocat de l’association anti-corruption espère que le parquet de Créteil ouvrira très prochainement une enquête préliminaire. "S’il ne le fait pas ou si nous avons le sentiment que l’ouverture de cette enquête est là pour protéger ceux qui sont encore en place , explique Me Jérôme Karsenti, nous déposerons une plainte avec constitution de partie civile pour aller jusqu’au bout et, qu’enfin, il y ait un souci de la gestion publique dans les organismes publics". Une constitution de partie civile entraîne de façon automatique la désignation d’une juge d’instruction.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.