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Jean Daniel, journaliste et fondateur du "Nouvel Observateur", est mort à l'âge de 99 ans

Fondateur du titre en 1964, directeur de la publication jusqu’en 2008, il était toujours éditorialiste pour l'hebdomadaire. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Jean Daniel quitte l'Elysée après avoir reçu la Légion d'honneur, le 17 septembre 2013.  (MAXPPP)

Sa mort a été annoncée par son propre journal. Fondateur du Nouvel Observateur, devenu L'Obs, Jean Daniel est mort à l'âge de 99 ans. Directeur de la publication jusqu'en 2008, plume brillante et redoutée, il était toujours éditorialiste pour l'hebdomadaire. 

"L'Obs a l'immense tristesse d'apprendre la mort de son fondateur et éditorialiste Jean Daniel. Il est décédé mercredi soir à l'âge de 99 ans après une longue vie de passion, d'engagement et de création", a annoncé le site du magazine d'actualité. 

Avec Castro au moment de l'assassinat de Kennedy

Jean Daniel, que l'historien Pierre Nora a qualifié de "dernière figure du journalisme inspiré", a rencontré tous les grands de ce monde. Il a été l'ami de Pierre Mendès-France, Michel Foucault, François Mitterrand, avec lequel il eut, comme tant d'autres, des relations compliquées, ou Albert Camus, en dépit de leur désaccord sur le dossier algérien.

En 1963, Jean Daniel avait acquis une célébrité internationale en réalisant une interview de John F. Kennedy. Le président américain l'avait chargé d'un message pour le leader cubain, Fidel Castro, rappelle L'Obs. Et c'est en compagnie de ce dernier qu'il avait appris la mort de Kennedy quelques semaines plus tard, le 22 novembre 1963.

Né le 21 juillet 1920 à Bilda, en Algérie, Jean Daniel Bensaïd étudie la philosophie à la Sorbonne. Il travaille au cabinet de Félix Gouin, président du gouvernement provisoire. Se situant déjà dans le courant de la gauche non communiste, il fonde en 1947 la revue culturelle Caliban, "avec le soutien d'Albert Camus, qui l'honorera de son amitié", écrit L'Obs.

Au milieu des années 50, Jean-Jacques Servan-Schreiber l'engage à L'Express où il couvre les "événements" d'Algérie. Il y reste huit ans, en devient le rédacteur en chef. Menacé de mort, inculpé pour atteinte à la sûreté de l'Etat, il défend l'indépendance algérienne.

La formule gagnante du "Nouvel Obs" fondé avec Perdriel

Après un bref passage au journal Le Monde, Jean Daniel avait cofondé avec Claude Perdriel Le Nouvel Observateur en 1964. "Jamais, nous n'avions pensé que nous réussirions. La formule choisie était assez culturelle, assez intellectuelle pour ne pas dépasser les 40 à 60 000 exemplaires dans le meilleur des cas", confiait-il à l'AFP en 2004. En 1974, Le Nouvel Obs tire déjà à 400 000 exemplaires !

Le tandem qui dirige le titre fait merveille  : à Claude Perdriel la gestion, à Jean Daniel la rédaction. "Nous avons réussi, confiait ce dernier, à un moment, à réunir autour de nous les plus brillants journalistes d'Europe." 

Participant à tous les grands débats de l'époque, le magazine défend l'anticolonialisme, publie en une le manifeste des "343 salopes" pour l'avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand, polémique avec le Parti communiste. Sur le Proche-Orient, malgré son "attachement indéfectible à Israël", Jean Daniel qui, selon lui, refusa trois fois un poste d'ambassadeur proposé par le président Mitterrand, considérait que "les Palestiniens avaient droit à un Etat".

Ecrivain et essayiste

Homme de média, Jean Daniel était également écrivain et essayiste. Auteur d'un premier roman, L'erreur, paru en 1952 et salué par Albert Camus, il est l'auteur de nombreux essais comme Avec Camus : Comment résister à l'air du temps (2006) ; Comment peut-on être Français ? (2008) ; Mitterrand l'insaisissable (2016), ainsi que de récits autobiographiques comme La Blessure (1992) et Les Miens, (2009), rappelle L'Obs.

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