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Reporters sans frontières dénonce les "méthodes brutales" de Vincent Bolloré dans les médias

Via son groupe, Vivendi, l'homme d'affaires est désormais présent dans la télévision, la radio et la presse écrite. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le patron du groupe Vivendi, Vincent Bolloré, à Paris, le 19 avril 2018.  (ERIC PIERMONT / AFP)

"Ces pratiques représentent un véritable danger pour la liberté de la presse, mais aussi pour la démocratie", alerte Reporters sans frontières (RSF). L'ONG appelle, jeudi 14 octobre, l'Etat, le CSA, l'Autorité de la concurrence et le législateur à intervenir face aux "méthodes brutales" du magnat français des médias Vincent Bolloré

Dans un documentaire de 16 minutes, intitulé Le Système B et diffusé sur les réseaux sociaux, RSF fait témoigner 11 journalistes sur "le système de contrôle de l'information" de l'homme d'affaires, qui n'a eu de cesse d'étendre son empire médiatique, via son groupe Vivendi. Ils y décrivent, à visage découvert, la "mécanique d'emprise et d'intimidation mise en place par Vincent Bolloré lorsqu'il prend le contrôle d'un média ou lorsque des journalistes enquêtent sur ses activités industrielles".

Ce film est un "signal d'alarme", lance le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, alors que Vincent Bolloré est désormais présent dans la télévision (Canal+, CNews, C8), la radio (Europe 1, RFM et Virgin Radio), la presse écrite avec Voici, Capital et Gala, et plus récemment Paris Match et Le JDD.

Sept recommandations pour "instaurer des garde-fous" 

Dans le documentaire, Patrick Cohen, ex-présentateur d'"Europe midi" sur Europe 1 – qui fait l'objet d'une prise de contrôle de Vivendi – s'emporte contre "la façon de s'éloigner des principes du journalisme tels qu'Europe 1 le pratiquait depuis plus de soixante ans". Pour sa part, Isabelle Roberts, coautrice de L'Empire. Comment Vincent Bolloré a mangé Canal, rend compte des "méthodes d'un raider, c'est-à-dire quelqu'un qui va arriver dans une boîte, qui va couper toutes les têtes, qui va refaire son truc. Les rédactions ne sont pas habituées à cela. Il va se retrouver avec des gens qui soit ne sont pas d'accord, soit n'osent pas parler, mais en tout cas, sont mis au pas", décrit-elle. 

Face aux pratiques dénoncées, "il est urgent d'instaurer de nouveaux garde-fous", ajoute Christophe Deloire. Ainsi, RSF formule sept recommandations. Parmi elles, l'ONG demande à l'Etat d'"intervenir pour l'indépendance éditoriale en sa qualité d'actionnaire de Vivendi" (la Caisse des dépôts et consignations possède 2,2% du capital du groupe). Elle interpelle également le CSA pour "faire respecter l'honnêteté, l'indépendance et le pluralisme de l'information sur la base des conventions actuelles".

RSF incite également "le législateur à mettre en place un dispositif efficace contre les procédures bâillons", armes de dissuasion pour museler les médias. Selon le classement mondial de la liberté de la presse établi par l'ONG, la France se situe à la 34e place.

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