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Le directeur du Monde Eric Fottorino attaque les nouveaux actionnaires dans une virulente missive

Dans un courriel adressé à Louis Dreyfus, qui représente la structure rassemblant les nouveaux actionnaires Pierre Bergé, Xavier Neil et Matthieu Pigasse, Eric Fottorino se dit "trahi" et victime de "harcèlement moral managérial".Au Monde, beaucoup estiment que cette missive d'Eric Fottorino est une façon "de mieux négocier son départ".
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Eric Fottorino, président du directoire du Monde (AFP - Stephane de Sakutin)

Dans un courriel adressé à Louis Dreyfus, qui représente la structure rassemblant les nouveaux actionnaires Pierre Bergé, Xavier Neil et Matthieu Pigasse, Eric Fottorino se dit "trahi" et victime de "harcèlement moral managérial".

Au Monde, beaucoup estiment que cette missive d'Eric Fottorino est une façon "de mieux négocier son départ".

"Nous sommes tombés des nues devant la virulence du ton", indique-t-on dans l'entourage des trois hommes d'affaires surnommés le trio BNP. "D'autant qu'Eric Fottorino nous a adressé la semaine dernière son projet de relance pour le titre et que nous attendons de fixer une date pour en parler avec lui", précise-t-on de même source.

Le courriel incendiaire de Fottorino
Dans son courriel, Eric Fottorino, qui préside le directoire du groupe Le Monde, rappelle que MM. Bergé, Niel et Pigasse disaient "considérer Le Monde comme un +bien commun+, s'appuyer sur son management, sur ses équipes, pour redresser la situation financière et mettre en oeuvre une stratégie définie en commun".

"Or depuis la mi-novembre, aucun de ces engagements n'est tenu. Je suis déçu. Je me sens trahi au nom de notre collectivité à laquelle j'appartiens depuis 25 ans et dont j'entends défendre jusqu'au bout les valeurs", écrit-il encore.

En cause: la mission confiée par les nouveaux actionnaires à Michaël Boukobza en vue de "simplifier, fiabiliser et coordonner le processus d'engagement de toutes les dépenses du groupe". En d'autres termes à faire des économies.

"Dois-je comprendre que le but de tout cela est de dégoûter le management pour lui faire quitter l'entreprise en évitant de lui verser des indemnités de licenciement ?", demande Eric Fottorino.

La rédaction relativise mais l'inquiétude pointe
Au Monde, pour beaucoup la missive d'Eric Fottorino "ne consiste qu'à prendre date pour mieux négocier son départ". "Sachant qu'il a refusé de démissionner de son poste pour être légitimé par un nouveau vote de la rédaction qui ne l'aurait pas forcément réélu, il cherche une porte de sortie honorable", analyse un membre de la Société des Rédacteurs du Monde (SRM).

Le conseil de gérance de la Société des rédacteurs du Monde avait démissionné en bloc à l'arrivée des trois nouveaux actionnaires. Ses membres doivent élire un nouveau conseil le 13 décembre lors d'une assemblée générale. Cette réunion pourrait être l'occasion d'organiser un vote de défiance à l'encontre d'Eric Fottorino.

Cependant, une certaine inquiétude se fait jour au sein de la rédaction. "Il y a un manque de pédagogie de la part du trio BNP (Bergé, Niel, Pigasse)", estime un journaliste. "Il faut que les nouveaux patrons du Monde nomment rapidement une équipe et disent clairement leurs intentions", ajoute-t-il.

C'est mercredi prochain (15 décembre) que doit se tenir la première réunion du nouveau conseil de surveillance du groupe.

A l'ordre du jour, la présentation des axes du projet industriel des nouveaux actionnaires, l'élection du président (poste pour lequel Pierre Bergé est pressenti) et l'arrivée d'un nouveau membre au directoire. Ce dernier pourrait être Louis Dreyfus, dont le nom circule pour le poste de directeur général du groupe, ce qui impliquerait le départ de David Guiraud, actuel numéro deux depuis janvier 2008.

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