Le journal "La Provence" de retour dans les kiosques après quatre jours de grève

Après quatre jours de non-parution, le journal La Provence est de retour dans les kiosques mardi 21 novembre. Les salariés ont voté pour une suspension de la grève d'une très courte tête : 51% se sont prononcés pour une reprise du travail. Sans enthousiasme pour autant, puisqu'ils n'ont pas obtenu grand-chose. Les journalistes ont voulu éviter le pourrissement de la situation et réfléchissent maintenant à d'autres actions.

Jamais La Provence n'avait connu quatre jours de mobilisation d'affilée. Cette grève historique est le signe d'une énorme désillusion de la rédaction, qui avait fait confiance au milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé lorsqu'il s'était présenté en sauveur du quotidien régional l'année dernière. Les instances représentatives du groupe l'avaient soutenu dans son combat contre Xavier Niel pour racheter le titre. Une promesse surtout avait fait mouche : il n'y aurait aucune suppression d'emplois.

Moitié moins de journalistes

Mais un an plus tard, l'engagement ne tient plus. Trente postes vont disparaître d'ici fin 2024. Pour les syndicats, c’est un plan social qui ne dit pas son nom. Le résultat est le même, puisque l'entreprise taille dans les effectifs, tout en ne remplaçant pas tous les départs. 

Soixante journalistes avaient pris la clause de cession pour quitter le journal lors du changement d'actionnaire l'an dernier. Il y a eu 56 embauches en CDD pour les remplacer. Et ce que vient d'annoncer la direction, c'est que finalement seuls 34 de ces contrats à durée déterminée allaient être conservés et transformés en CDI. La rédaction va ainsi passer de 185 à 155 personnes.

Des ventes qui ne cessent de baisser

Cette volte-face de Rodolphe Saadé s’explique pour une question financière. Il veut alléger la masse salariale car le quotidien du Sud reste trop déficitaire : il a perdu 9 millions d'euros cette année, soit 3 millions de plus que ne le prévoyait le milliardaire. En un an, les ventes de La Provence sont passées de 69 000 exemplaires à 62 000. En 2019, encore 85 000 exemplaires s’écoulaient avec des recettes publicitaires 60% plus importantes.

Tout se passait pourtant bien jusque-là à La Provence, d'après les syndicats, même s'ils n'avaient pas obtenu d'augmentations de salaire pour compenser l'inflation. Ils étaient surtout enthousiastes à l'idée que le journal reparte enfin sur de bonnes bases après des années difficiles, entre dettes colossales et placement en liquidation judiciaire. Rodolphe Saadé avait mis 80 millions d'euros sur la table et fait miroiter des investissements massifs. Ça aussi, cela risque de finir aux oubliettes.