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Disparition du magazine gay "Têtu" : "L'acheter, c'était un premier geste d'acceptation de soi"

Le mensuel a été placé en liquidation judiciaire, jeudi. Son numéro de juillet-août, avec le chanteur Mika en couverture, est donc le dernier. Sur les réseaux sociaux, les lecteurs évoquent leurs souvenirs, tout en restant critiques.

Article rédigé par franceinfo
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"Têtu", l'unique magazine gay français, a été placé en liquidation judiciaire, le 23 juillet 2015. (MAXPPP)

Têtu se tait. Le seul mensuel gay français disparaît, annonce le directeur de la rédaction, Yannick Barbe, après son placement en liquidation judiciaire, jeudi 23 juillet. Son numéro de juillet-août, avec le chanteur Mika en couverture, est donc le dernier.

Créé il y a vingt ans, le mensuel a marqué l'histoire de la communauté LGBT dans l'Hexagone, même s'il était aussi contesté. Sur les réseaux sociaux, les réactions n'ont pas tardé, entre tristesse et critiques.

"Un magazine LGBT est nécessaire"

A l'heure où le magazine disparaît, de nombreux internautes se souviennent avec émotion de la découverte de leur premier exemplaire. Un symbole pour beaucoup, un acte militant pour d'autres, dans une société où l'homosexualité est loin d'avoir été toujours bien acceptée.

"Ils sont nombreux ceux qui se souviennent d'avoir été des héros modernes quand ils ont franchi la caisse pour la première fois magazine en main", raconte Pascal sur la page Facebook du mensuel. "J'ai acheté mon premier Têtu à l'âge de 16 ans, explique Anthony. Un geste symbolique pour moi, mais fort de sens. J'en avais besoin et ça m'a aidé. Merci. Vous nous manquerez."

Sur Twitter, Maxime évoque un "souvenir ému", "un premier geste d'acceptation de soi au moment de demander un exemplaire au libraire". "J'achetais beaucoup Têtu lorsque je me construisais en tant qu'homo, confie Raphaël. Je l'ai considéré nécessaire pour moi à l'époque. Je reste persuadé qu'un magazine LGBT est nécessaire, surtout pour aider les 'nouveaux'."

 

 

"Je ne me suis jamais reconnu dans le magazine"

Les hommages ne sont cependant pas unanimes. De nombreux messages évoquent la ligne éditoriale du magazine, dont les ventes étaient en recul ces dernières années. "Je suis gay et j'avoue avoir été déçu par ce magazine, écrit par exemple @Fred dans les commentaires de francetv info. Je ne m'y suis jamais reconnu. Avait-on besoin d'un Elle version homo ?"

"C'est triste pour les employés et la visibilité LGBT, mais Têtu ne me manquera pas, car je ne m'identifiais pas du tout à ça", explique un internaute sur Twitter. "Le magazine avait perdu son âme depuis des années, assure Will sur Facebook. Il n'était qu'un ramassis de clichés et de publicités excessives. Au fil des années, je me suis de moins en moins reconnu dans Têtu qui, au final, ciblait une partie de la communauté seulement."

 "'Têtu' ne peut pas disparaître !"

"On n'aura plus, non plus, de raison de le détester, de trouver que Têtu, c'était trop ou pas assez..., résume Des ailes sur un tracteur, une maison d'éditions LGBT. Parce qu'on a tous un lien émotionnel avec Têtu, familial presque, d'où la virulence des attaques."

Déjà, sur internet, certains espèrent que le magazine renaîtra de ses cendres. "Les luttes des LGBT sont loin d'être finies dans une société hétéronormée, où l'homophobie trouve encore largement de quoi s'exprimer, ici et ailleurs", estime Sylvio. Sur Twitter, Alexandre appelle à "sauver" le magazine : "Soyons têtus !"

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