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Le rachat du Monde "ne se fera pas autour d'Orange", qui n'est qu'un "partenaire possible" pour le numérique

Précision apportée jeudi par le directeur général de l'opérateur téléphonique, Stéphane Richard.Orange n'investira "que quelques dizaines de millions d'euros" dans l'opération, a-t-il précisé.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Stéphane Richard, directeur général d'Orange (AFP/ERIC PIERMONT)

Précision apportée jeudi par le directeur général de l'opérateur téléphonique, Stéphane Richard.

Orange n'investira "que quelques dizaines de millions d'euros" dans l'opération, a-t-il précisé.

Peu d'argent au regard des 3 milliards de bénéfice de l'opérateur téléphonique l'an dernier, mais une somme considérable pour Le Monde, qui a besoin de 80 à 100 millions d'euros de recapitalisation pour se remettre à flot le groupe.

"Ni mécène, ni supplétif"
Lors d'un colloque du cabinet NPA Conseil sur le numérique, Stéphane Richard a répété qu'il ne s'agissait "en aucun cas du rachat" du groupe Le Monde. "Nous ne sommes pas dans une logique de renflouement financier. Nous ne sommes pas des mécènes, encore moins des supplétifs inspirés par je ne sais quelle arrière pensée", a assuré Stéphane Richard, alors que Libération a évoqué une intervention de l'Elysée dans le dossier.

"Nous portons un regard d'industriel fondé sur une logique gagnant-gagnant, pas de professionnel de la presse. Nous ne ferons rien sans support industriel solide", a martelé M. Richard. Mais l'opérateur n'exclut pas, "à l'appui de cette stratégie industrielle", de jouer aussi "un rôle de complément dans un tour de table", a-t-il détaillé, précisant avoir été sollicité par "tous" les repreneurs potentiels du Monde.

Outre Le Monde interactif visé par le partenariat d'Orange , qui apporterait son expertise numérique, l'opérateur a évoqué un "mariage" entre les régies publicitaires des sites d'information orangeactu et lemonde.fr, respectivement deuxième et troisième sites d'information en France en termes d'audience. L'opérateur n'exlut pas d'ouvrir un "partenariat" pour les chaînes de télévision d'Orange . "Nous sommes fiers de ce que nous avons fait dans la télévision. Mais l'environnement change et on doit être capable de s'adapter", a-t-il dit, sans plus de précisions.

Les repreneurs possibles
L'Espagnol Prisa (éditeur d'El Pais), déjà actionnaire du quotidien, a confirmé son intérêt pour le groupe de presse français mais demanderait un délai.

Parmi les repreneurs potentiels déclarés du Monde, dont la rédaction est particulièrement attachée à son indépendance, figurent le trio formé par l'homme d'affaires Pierre Bergé, le banquier et propriétaire des Inrockuptibles Matthieu Pigasse et le président fondateur de Free, Xavier Niel. Autres candidats potentiels, le propriétaire du Nouvel Observateur Claude Perdriel. Orange pourrait faire partie du tour de table.

Recapitalisation massive indispensable
Les candidats à la reprise du quotidien ont théoriquement jusqu'à vendredi pour déposer leur offre, mais ce calendrier est jugé "ingérable et pas tenable" par la Société des Rédacteurs du Monde, actionnaire de référence du journal. Elle reconnaît "mesurer la gravité et l'urgence de la situation", mais refuse de "céder à l'affolement". La Société des Rédacteurs du Monde et d'autres sociétés d'actionnaires du Monde devront néanmoins se réunir le 10 juin en assemblée générale et ne pourront en conséquence se prononcer sur les offres finalisées.

Quant au Conseil de surveillance, il n'aurait que trois jours pour examiner cette opération de près de 100 millions d'euros, considérée comme un tournant historique pour le journal.

La reprise du Monde passe par une recapitalisation massive indispensable à la survie d'un groupe fortement endetté. Victime d'une politique d'acquisition effrénée au cours des quinze dernières années, il est confronté à un endettement massif. Il doit, d'ici la fin du mois sous peine de faillite, céder son contrôle à un nouvel investisseur qui injectera de l'argent frais, 80 à 120 millions d'euros, selon les estimations.

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