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Quand la junte birmane rêve d'acheter... le Manchester United

Selon une dépêche diplomatique américaine révélée par le site WikiLeaks, le dictateur birman Than Shwe aurait envisagé, début 2009, de racheter le club de football britannique Manchester United, pour satisfaire un caprice de son petit-fils. Il a finalement renoncé face à un risque de tollé international. Mais il a trouvé une compensation.
Article rédigé par franceinfo
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Pour joindre le propriétaire du Manchester United, demandez un certain Than Shwe, chef de junte militaire birmane de son état. A en croire un cable diplomatique de l'ambassade américaine de Rangoon, daté du 12 juin 2009, et révélé hier par WikiLeaks, ce mauvais rêve aurait peut-être pu devenir réalité.

Le document explique que le petit-fils du dictateur birman Than Shwe est un fan absolu de football. Et qu'à l'époque, il serinait son grand-père pour qu'il lui achète un club de foot. Et comme il ne voulait pas d'un jouet de seconde zone, c'est le Manchester United, ni plus, ni moins, qu'il demandait.

L'aimable patriarche s'est donc renseigné. Et en janvier 2009, la question a été inscrite au nombre des priorités du régime. Conclusion : la junte devait trouver un milliard de dollars pour satisfaire le caprice de la descendance du dictateur. Une telle offre a été jugée possible par les responsables birmans, qui pensaient trouver aisément les fonds.

UN CHAMPIONNAT CREE DE TOUTES PIECES

Finalement, Than Shwe a fait marche arrière, craignant un tollé international si la Birmanie se fendait d'une telle enchère. Pour mémoire, le cyclone Nargis avait dévasté le sud du pays quelques mois plus tôt, en mai 2008, faisant plus de 140.000 morts. Très critiquée pour sa lenteur à porter secours aux sinistrés, la junte birmane n'avait toujours pas trouvé de solution pour des milliers d'entre eux, toujours sans logement, sans eau potable, sans moyens de subsistance pour pêcher ou cultiver, malgré l'aide internationale qui s'est déversée sur le pays.

Les Red Devils ont donc échappé au cadeau empoisonné, mais le petit-fils de Than Shwe ne pouvait tout de même pas rester sans joujou. Son dictateur de grand-père a donc décidé de casser un peu la tirelire. Il a créé ex nihilo un championnat de foot national. De riches hommes d'affaires ont donc eu la joie d'apprendre qu'ils avaient été “choisis” par Than Shwe pour devenir les heureux propriétaires d'équipes de football professionnelles. Comble d'allégresse, ils allaient avoir l'honneur de devoir construire des stades à un million de dollars dans leurs régions respectives. Ils se sont évidement exécutés avec empressement. Et, comme le raconte une autre dépêche américaine le richissime homme d'affaires Zaw Zaw, n'a pas hésité à recruter le petit-fils du dictateur dans son équipe. De quoi faire réfléchir les défenseurs adverses.

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