Une présidence française pour une Europe en panne
La Tour Eiffel illuminée en bleu, les drapeaux européens qui se déploient devant l'Assemblée nationale, les commissaires bruxellois au grand complet à Paris. Les petits plats auront soigneusement été mis dans les grands pour saluer le semestre de présidence française de l'Union européenne...
La France, ce pays fondateur de l'Union, qui lui a donné le coup de pied de l'âne en 2005, en retoquant le traité constitutionnel. La France qui se retrouve désormais à devoir gérer deux autres “non” : celui des Irlandais sur le traité de Lisbonne, et le "c'est désormais inutile" du président polonais. Lech Kaczynski estime en effet "inutile", après le "non" irlandais, d'avoir à signer le traité, pourtant approuvé par le parlement polonais.
Pourtant, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé ses efforts pour tenter de sauter l'obstacle irlandais. Avec l'Allemagne, la France est la principale négociatrice du traité de Lisbonne. Le président de la République a pris soin de ne pas le soumettre à nouveau au vote des Français. Une bonne partie de la présidence française sera donc consacrée à tenter de dégripper le blocage institutionnel. Nicolas Sarkozy entend bien continuer le processus de ratification du traité. La prochaine zone de turbulence se situant en République tchèque, très réticente. Il espère aussi convaincre le premier ministre irlandais d'organiser un nouveau vote.
Inflation menaçante
Du coup, les ambitions françaises pourraient se faire plus modestes : “A la fin de la présidence française, je voudrais que l'Europe ait une politique de la défense, une politique de l'immigration, une politique de l'énergie, une politique de l'environnement”, déclarait Nicolas Sarkozy début janvier, agaçant certains de ses partenaires européens, qui considèrent que le président français a un grand talent pour réinventer l'eau chaude.
Le divorce entre les opinions publiques et la construction européenne est encore aggravé par la crise de l'énergie, qui pèse sur le climat social. Et pour couronner le tout, l'inflation commence à prendre le galop dans l'ensemble de la zone euro.
Mais il n'y a tout de même pas que des nuages qui pèsent sur la maison Europe. D'abord, l'euro, malgré toutes les critiques qu'il subit, reste un bouclier efficace contre la hausse des prix de l'énergie. Sans lui, le litre de gasoil tournerait vraisemblablement autour de deux euros. D'autre part, l'idée européenne, elle, se porte plutôt bien, comme en atteste un récent sondage, publié mercredi dernier par Vivavoice et Libération. Il montre que les Français sont favorables à une intégration européenne plus poussée. Mais le déficit démocratique qui s'est accumulé autour de la construction européenne, éloigne les citoyens des institutions. Reste à savoir si l'homme qui a refusé de soumettre le traité de Lisbonne à referendum en France sera en mesure de combler ce fossé.
Grégoire Lecalot
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