"On ne peut même plus circuler sur les trottoirs" : la grève des éboueurs s'enlise à Toulouse
En grève depuis près d'un mois, les éboueurs de Toulouse ont durci le mouvement. Ils réclament des jours de congés supplémentaires pour compenser la fin de la règle du "fini-parti", qui leur permettait de quitter leur poste à la fin de leur tournée.
La terrasse devant le restaurant de sushis où Mélanie est serveuse n'existe plus. Sur le trottoir, désormais, on trouve "une nouvelle déchetterie de Toulouse". Des dizaines de sacs poubelles sont entassés dans et autour des containers, juste devant l'entrée du restaurant, également contraint de jeter ses déchets dehors. Depuis le 16 décembre 2021, un préavis de grève est en cours chez les éboueurs de la métropole de Toulouse. Ils protestent contre la fin du "fini-parti", qui leur permettait de partir à la fin de leur tournée.
"On essaie de stocker dans le local poubelle que l'on a", explique la serveuse, "sauf que les odeurs commencent à s'imprégner dans le restaurant. Nous avons donc dû dire à la mairie qu'on mettait" les poubelles "dehors. Parce que nous avons des poubelles tous les jours : le poisson, on ne peut pas le garder. On travaille avec des aliments crus qui périment vite."
"Cela ne donne pas du tout envie de passer devant un restaurant avec des milliers de poubelles devant."
Mélanie, serveuseà franceinfo
Ces montagnes de poubelles se voient partout dans les rues de Toulouse. Kelly, qui tient une boulangerie, raconte que "pour un commerçant, c'est vraiment très compliqué. Au niveau hygiène, ce n'est pas du tout ce qu'il faut. Là, on se retrouve embêté, parce que nous avons un container rempli à craquer, dans la rue. Cela ne fait pas propre du tout devant la boutique. Et on ne sait pas comment faire, parce que nous sortons tous les jours au moins deux grosses poubelles. C'est compliqué", admet la commerçante.
34 jours de congès supplémentaires
La situation ne risque pas de s'arranger. La grève s'est encore durcie ce jeudi 6 janvier, avec des blocages de dépôts. "Ils seront bloqués tant que nous n'aurons pas obtenu des échanges avec l'administration et une sortie favorable", affirme Benoît Fontanilles, porte-parole de l'intersyndicale. Les éboueurs réclament en effet 34 jours de congés supplémentaires pour pénibilité, afin de compenser l'arrêt du "fini-parti".
La métropole ne veut pas accorder plus de neuf jours pour le moment, et le maire de Toulouse et président de la métropole, Jean-Luc Moudenc, menace de son côté de confier la collecte des déchets au secteur privé. Une prise de position très mal prise par les éboueurs, "parce que depuis le début des négociations, ils nous disent que ce n'est pas du tout une option, et en fait on sait très bien que c'est une option, puisque ça arrive déjà dans d'autres services de la mairie", affirme Benoît Fontanilles.
"Les éboueurs en ont marre des menaces, et les prennent vraiment comme des insultes"
Benoît Fontanillesà franceinfo
La grève va donc se poursuivre. Les poubelles ne seront pas ramassées samedi 8 et dimanche 9 janvier dans l'hyper-centre, et il n'y aura que très peu de collecte des déchets lundi 10 janvier dans le reste de la ville. L'intersyndicale dit aussi réfléchir à d'autres actions dans les jours suivants.
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