Pourquoi les banques veulent facturer les comptes courants

Déposer votre argent à la banque va vous coûter de plus en plus cher. BNP Paribas va facturer 2,50 euros de frais de tenue de compte par mois à partir du 1er janvier 2016, soit 30 euros par an, révèle Le Parisien. L'établissement embraye sur une tendance générale. Plus de 70% des banques font ainsi payer la tenue de compte, rapporte Challenges. Le Crédit mutuel a généralisé cette pratique depuis le 1er octobre, et LCL pourrait suivre, selon Les Echos. La Banque postale elle-même le fait, même si les frais sont modiques. Comment les banques justifient-elles de faire payer un service qui était jusque-là gratuit ? Voici les raisons qu'elles avancent.

Parce qu'elles veulent compenser la baisse de rentabilité des dépôts

Si les taux bas sont censés doper la croissance et favoriser les entreprises, ils rendent la gestion des comptes courants (donc des dépôts) moins avantageuse qu'à l'époque des taux élevés. Cité par Le Monde, le dirigeant d'une grande banque estime même que "ne pas facturer les frais de tenue de compte revient à vendre à perte".

Parce qu'elles veulent rattraper le manque à gagner sur d'autres frais 

Autre doléance des dirigeants des banques : la législation européenne et française a plafonné les frais pour incidents de paiement et dépassement. La création d'un espace unique de paiement en euros (la réforme Sepa, entrée en vigueur en 2014) a également limité les frais de prélèvement qu'encaissaient les établissements. 

Estimant leurs marges rognées par ces différentes mesures, les banques ont donc trouvé le moyen de facturer le client pour un service de base. Qu'il s'agisse de services indispensables ou de forfaits, les frais ont progressé de 14,2% en 2014 et de 22,8% en 2015, selon une étude de Panorabanques.com réalisée auprès de 158 banques et citée par Le Figaro.

Parce qu'elles veulent pousser le client vers d'autres formules (plus lucratives)

Non seulement BNP Paribas rend désormais payante la tenue de compte courant, mais elle a choisi de matraquer le client avec un tarif fixé à 30 euros par an, très supérieur à la moyenne, notent encore Les Echos. En effet, "le tarif moyen affiché par la profession s'élevait en mai à 21,30 euros par an, selon le cabinet Semaphore Conseil", souligne le quotidien.

Pourquoi ce prix élevé ? Sans doute pour inciter les clients à changer de formule ou d'habitudes. Il y aura ainsi ristourne (2 euros au lieu de 2,50 euros par mois) pour les titulaires de compte optant pour les relevés en ligne. Mieux encore : ceux qui ont opté pour un forfait avec un bouquet de services et adopté le compte dématérialisé, soit un quart de la clientèle, toujours selon Les Echos, sont exonérés de ces nouveaux frais. Ces clients ont en effet le double mérite d'être plus rentables et de permettre des économies (d'impression et d'envoi), via le compte dématérialisé. Le service de base à tarif élevé peut ainsi être lu comme une tentative de faire partir les clients les moins rentables.