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Finale de la Coupe de France : "Les syndicats avaient déjà rempli leurs objectifs à l'ouverture du match", estime le politologue Jean-Marie Pernot

Si la mobilisation souhaitée par les syndicats dans l'enceinte du stade de France n'a pas eu lieu, il ne faut pas y voir un signe prémonitoire pour les cortèges du 1er-Mai, selon ce politologue.
Article rédigé par franceinfo
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Un syndicaliste distribue des cartons rouges avant la finale de la Coupe de France opposant Nantes et Toulouse le 30 avril 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Les syndicats avaient déjà rempli leurs objectifs à l'ouverture du match", estime le politologue spécialiste du dialogue social Jean-Marie Pernot dimanche 30 avril sur franceinfo. Malgré les rares sifflets entendus dans le stade de France, samedi soir lors de la Finale de la Coupe de France, qui a vu Toulouse s'imposer largement face à Nantes, il affirme que la médiatisation de l’initiative, notamment grâce l’interdiction de rassemblement finalement suspendue par la justice administrative, a été suffisante.

>> Mobilisation du 1er-Mai : quel est le dispositif de maintien de l'ordre prévu pour encadrer les manifestations ?


franceinfo : On a peu entendu la contestation sociale dans le stade. Est-ce que c'est une action ratée ? Est-ce un mauvais signal avant le 1ᵉʳ mai

Jean-Marie Pernot : Je crois qu'on peut déconnecter les deux. Que le mot d'ordre n’ait pas été une excellente idée dans la mesure où, à la 48e ou 49e minute du match, il y avait une certaine intensité, les gens avaient la tête ailleurs qu’à la protestation sociale, je crois que c'est un apprentissage qui a été fait hier soir. Je pense que ça n'a pas grand-chose à voir avec ce qui se passera demain.

Ça veut dire que ce qui marche dans la rue ne marche pas forcément dans un stade et inversement ?

C'est un mélange des genres. Il fallait essayer. En ce moment, c'est un moment de grande inventivité dans les formes d'action. Donc pourquoi ne pas essayer celui-là ? Il se trouve que les gens étaient emportés par autre chose. D’ailleurs le public des stades n’est pas forcément le public des manifestations. Il y a plein de raisons qui peuvent l'expliquer, mais ça a fait parler en tout cas. L’initiative, l'interdiction de la diffusion de tracts, ont déjà fait un peu parler de la chose. Les syndicats avaient déjà rempli leurs objectifs à l'ouverture du match.

Est-ce que le 1er mai sera une démonstration de force supplémentaire ou est-ce que cela ressemble tout simplement au dernier grand rassemblement contre la réforme des retraites ?

Bien malin qui a la réponse à cette question. On va voir en fonction de la participation, qui s'annonce assez importante. Il y a 300 points de rassemblement donc ça va certainement ressembler aux journées d'action qu'on a déjà eu, avec peut-être un public un petit peu différent puisque les 1er-Mai ont toujours un côté un peu familial, un peu festif, qui diffère des manifestations plus revendicatives. Donc ce qui va se passer après va dépendre aussi de ce que le gouvernement va mettre dans l'ordre dans la discussion, puisqu'il semble vouloir reprendre la discussion avec les syndicats. Mais ça va être assez âpre parce que ça va dépendre de ce qu’il y aura dans la corbeille à discuter. Les sujets qui ont été annoncés sont lourds : santé au travail, rapport au travail, les salaires, etc. Il y a quand même pas mal de sujets sur lesquels l'entente ne sera pas spontanée.

Encore faut-il qu'ils soient tous d'accord sur le fait de revenir à la table des négociations, d'accepter de discuter d'autre chose que de la réforme des retraites. Jusqu'à présent, les syndicats ont dit "la page n'est pas tournée, quoi qu'en dise le gouvernement". Est-ce que l’on va voir les premières dissensions que les syndicats avaient réussi à éviter jusqu'à présent ?

Ça fait de nombreuses semaines que les gens guettent les dissensions. Il y a effectivement des identités différentes, des sensibilités, des divergences entre les syndicats, la chose est assez notoire. Mais pour l'instant en tout cas, cette intersyndicale a tenu plus de trois mois, ce qui n'est pas indifférent. C'est-à-dire que l’on peut imaginer qu'il y a une certaine méthode de travail et la volonté de poursuivre dans ce sens. C'est une méthode qui marche.

"Grâce à l'unité, les syndicats ont retrouvé un peu l'oreille des travailleurs, et donc il est possible aussi que malgré ces divergences, l'intersyndicale puisse tenir."

Jean-Marie Pernot, politologue spécialiste du dialogue social

à franceinfo

Comment vont-ils nourrir cette intersyndicale au-delà de la question des retraites qui fait, entre eux, l'unanimité ? Est-ce que sur les sujets qui sont posés, il y a des espaces possibles pour poursuivre une démarche unitaire ? Il est probable que les syndicats les travaillent et les travailleront ensemble. Donc je trouve que ce n'est pas joué.

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