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Indexation des retraites : "On ne peut pas distinguer les retraites des modestes et les retraites plus élevées"

L'économiste Henri Sterdyniak réagit sur franceinfo dimanche au retour de l'indexation des retraites sur l'inflation pour les plus modestes, une des propositions recueillies en ligne dans le cadre du grand débat national.

Article rédigé par franceinfo
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Journée nationale de manifestations des retraites pour protester contre les réductions de leurs retraites dues aux réformes gouvernementales, le 31 janvier 2019. (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)

La République en marche (LREM) présente dimanche 10 mars à Chartres (Eure-et-Loir) ses "idées pour la France" dans le cadre du grand débat national. Le parti y dévoile ses propositions après la restitution des quelque 3 500 contributions récoltées en ligne. Parmi elles, la réindexation des retraites sur l'inflation. Pour l'économiste à l'OFCE Henri Sterdyniak, c'est "l'ensemble des retraites qui doivent être au minimum indexées sur les prix".

franceinfo : Le retour de l'indexation des retraites sur l'inflation pour les plus modestes est-il une pierre dans le jardin de l'Elysée ?

Henri Sterdyniak : Bien sûr. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement a diminué de 6% le pouvoir d'achat des retraités, lorsqu'on prend en compte la CSG et la non-indexation. Effectivement, cela mécontente beaucoup et à juste titre, les retraités. Le problème, c'est que la retraite n'est pas une prestation d'assistance, c'est un droit social acquis par les cotisations et c'est l'ensemble des retraites qui doivent être au minimum indexées sur les prix. On ne peut pas distinguer les retraites modestes et les retraites plus élevées, et accepter que les retraites plus élevées ne soient pas indexées, elles aussi, sur l'inflation. Parce que cela reviendrait à dire aux cadres "attention vos retraites sont fragiles" et les pousserait dans les bras des banques et des sociétés d'assurance.

Autre proposition de La République en marche ; supprimer la taxe d'habitation pour tout le monde. Et, en parallèle, augmenter l'impôt sur la fortune immobilière (Ifi). Est-ce une formule intéressante ?

Non, ce n'est pas vraiment une formule intéressante. Il faut dire, là aussi, qu'Emmanuel Macron a fait une bévue : supprimer la taxe d'habitation pour une partie seulement des gens, cela ne tient pas. Le Conseil constitutionnel lui a dit clairement que ce n'était pas durable. Il faut fournir une ressource durable aux collectivités locales qui doivent être autonomes. Dans ce cas, l'Ifi n'est pas une ressource locale, c'est une ressource nationale. Donc cela ne répond pas vraiment au problème. Supprimer la taxe d'habitation pour les 20% les plus riches, c'est une mesure qui favorise les plus riches et cela coûterait 10 milliards d'euros. Actuellement, l'Ifi représente 1,3 milliard d'euros. Il faudrait l'augmenter significativement pour que cela rapporte 10 milliards. Cela reviendrait à augmenter la taxe foncière : pourquoi pas, mais il faut dire clairement que ce serait une augmentation de 50% de la taxe foncière pour compenser cette baisse de la taxe d'habitation.

Le gouvernement a aussi l'idée de taxer les Français expatriés dans les pays qui n'ont pas de convention fiscale avec la France. Est-ce qu'aujourd'hui, le gouvernement ne peut plus faire l'économie sur la justice fiscale ?

Bien sûr, il faut de la justice fiscale. On le voit bien avec le mouvement des "gilets jaunes"... Un élément de la justice fiscale serait effectivement de taxer les Français expatriés pour des raisons fiscales qui continuent à voter en France, qui continuent à bénéficier si nécessaire des services des consulats français. Mais il faut aussi taxer les Français expatriés à l'étranger, en Belgique, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis. Pas uniquement ceux qui résident dans les paradis fiscaux. Il n'y a aucun Français qui est effectivement physiquement présent aux Îles Caïmans ou dans ce genre de paradis fiscaux. La proposition va donc dans le bon sens mais il faut vraiment l'élargir.

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