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"Je reste sans voix" : l'inquiétude des femmes du secteur médico-social, qui pourraient devoir travailler plus longtemps que les hommes

Le constat d'une étude d'impact sur la réforme des retraites montre que les femmes devront travailler plus longtemps que les hommes. Dans les professions très féminisées, comme chez les aide-soignantes, beaucoup ne comprennent pas cette différence avec leurs confrères masculins.
Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux
Radio France
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Hinda Geidel, aide soignante et déléguée du personnel FO à la clinique Edouard Rist (Paris 16e) devra travailler 9 mois de plus avec la réforme, d’après ses calculs. (WILLIAM DE LESSEUX / FRANCINFO / RADIOFRANCE)

Dans les services de la clinique Edouard Rist dans l'ouest parisien, 83% sont des femmes. Toutes se relaient nuit et jour pour prendre en charge des adolescents. Hinda Geidel, 60 ans, est aide-soignante et déléguée Force ouvrière (FO). Elle devait partir à la retraite à un peu plus de 62 ans, mais avec la réforme tout change.

"Je partirai le 1er novembre 2025, soit neuf mois de plus à travailler avec exactement la même retraite", soupire Hinda. Pour toucher à une pension autour de 1 800 euros bruts par mois, elle devra partir à près de 63 ans. Selon un rapport, après la réforme des retraites, les femmes devraient travailler quatre mois de plus en moyenne, contre cinq mois supplémentaires pour les hommes. Les syndicats dénoncent cette inégalité.

"Quand je fais une nuit, je mets trois jours à récupérer"

À cet âge-là, cette aide-soignante ne se voit pas s'occuper "de patients de plus en plus lourds". Hinda se retrouve aussi coincé avec ses heures de nuits et son mi-temps. "Quand je fais une nuit, je suis crevée. Je mets trois jours à récupérer. Je suis donc à mi-temps. Depuis plus de 30 ans que je travaille la nuit, je n'ai jamais eu le droit à un trimestre de pénibilité puisque je n'effectue pas mes 120 jours de nuits comme l'indique la loi."

Ce sentiment d'injustice est partagé par beaucoup de femmes dans le service de la clinique. Rosa à 55 ans et elle est gouvernante. "Je reste sans voix avec cette réforme, je trouve que c'est inhumain. On nous donne et puis on nous reprend. J'ai l'impression que les gens ne comprennent pas la douleur que nous pouvons ressentir. Ils pensent à quoi ? Ils pensent que l'on va tenir comment à cet âge-là et continuer à être performante ?"

D'après ses calculs, elle devrait s'arrêter autour des 67 ans pour toucher une retraite à taux plein. "Mais quand le corps ne tient plus, même une semaine, deux années en plus, c'est énorme."  Les deux femmes iront manifester ce mardi 31 janvier, une journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites.

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