"Je suis contente qu'il y ait des gens en colère avec moi" : des militants contre la réforme des retraites valident la stratégie de la gauche à l'Assemblée

Cette bataille parlementaire contre la réforme des retraites, même la CGT-Cheminots de la gare de Lyon la valide près d'un feu de palettes, juste avant la manifestation du mardi 7 février à Paris. "Parce que oui, aujourd'hui, la réalité, c'est que dans ce pays, il y a besoin de bordel, il y a besoin que les gens se réveillent !", hurle un manifestant dans un porte-voix.

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A côté, Dominique, qui tient un drapeau de La France insoumise, est du même avis : "Le combat, le combat, le combat ! Il ne faut pas arrêter ! Parce qu'ils parlent pour nous ! Nous, on est dans la rue, mais eux, ils sont dans l'Hémicycle et parlent pour nous, et on est tous derrière eux. Qu'on ne vienne pas nous dire que nos députés sont violents, c'est pas vrai ! La violence, c'est cette réforme ! Ça, c'est de la violence !"

"Le Parlement est justement là pour débattre"

Mais ces cris, ce brouhaha, cette colère dans l'Hémicycle exprimée du côté de la Nupes, peut-il finir par faire peur aux électeurs de gauche ? Au contraire, assure Emilie, militante insoumise. "Si les députés ne bougeaient pas, là, ils braqueraient leurs électeurs, explique-t-elle. Les électeurs les ont élus justement pour qu'ils les représentent, et c'est ce qu'ils font, c'est-à-dire leur travail."

Emilie soutient la forme et le fond de cette stratégie : "Il n'y a pas d'obstruction parlementaire ! Le Parlement est là justement pour débattre et aller au fond des choses. On ne va pas voter en chœur en appuyant sur des boutons pour mettre en l'air des droits qu'on a mis des années et des années à conquérir !"

"Il faut informer les gens et ils ont raison de ne pas se taire et de faire du bruit, comme nous, on a raison de faire du bruit dans la rue. La rue et les députés fonctionnent ensemble."

Emilie

à franceinfo

Cela permet, d'après son compagnon de lutte Mehdi, d'attirer les projecteurs sur le texte. "Si les députés ne s'étaient pas levés comme ils se sont levés, soutient-il, est ce qu'on parlerait véritablement du débat à l'Assemblée ? Je ne pense pas. Finalement, cette stratégie est la bonne. Les gens, pour les mobiliser, il faut qu'ils soient au courant de ce qui se passe. Et cette stratégie-là, c'est la stratégie qui permet de mobiliser vis à vis du politique."

Suivre ces débats donne même de la force à Marie, une sympathisante de gauche : "Je crois que ça suffit, là, soupire-t-elle. Si même les députés, qui sont des gens bien élevés, bien polis, sont énervés, ça prouve des choses ! S'ils arrivent à mettre un petit peu le bazar à l'Assemblée, moi ça me fait du bien. Parce que je suis en colère et je suis contente qu'il y ait des gens en colère avec moi." Tous espèrent maintenant que la gauche tiendra le bras de fer jusqu'au bout avec le gouvernement, peu importe les moyens pour y parvenir.