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Mobilisation contre la réforme des retraites : quels sont les secteurs engagés dans des grèves reconductibles ?

Dans l'énergie, les transports ou les déchets, les salariés sont appelés à poursuivre les blocages au moins jusqu'à la fin de la semaine pour tenter d'obtenir le retrait du projet de loi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les cheminots votent la reconduction de la grève à la gare de Strasbourg, le 8 mars 2023. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Aucune date de fin n'est pour l'instant prévue. Dans plusieurs secteurs clés de l'économie, les syndicats ont appelé à des grèves reconductibles. Après une sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites mardi, des grévistes poursuivent le mouvement, mercredi 8 mars, et les jours suivants. 

Dans les raffineries ou les transports, les salariés sont appelés à débrayer. Ils se réunissent en assemblée quotidiennement pour décider de la reconduction du mouvement. Franceinfo fait le point sur les secteurs concernés.

Raffineries : les expéditions toujours bloquées

Tous les salariés du secteur de l'énergie sont appelés à la grève reconductible. Les raffineries, avec les sites de TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos, sont donc affectées par ce mouvement social. Mardi, les sept raffineries et bioraffineries en activité en métropole étaient en grève. Et le mouvement se poursuit. "L'ensemble des raffineries sont en arrêt d'expédition, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une goutte de carburant qui sort depuis hier matin [mardi], et pour certaines depuis avant-hier midi [lundi]", a assuré Emmanuel Lépine, secrétaire général de la fédération CGT-Chimie, mercredi sur France Inter.  

"La grève a été reconduite dans les établissements de la Mède, Donges, la raffinerie de Normandie, Feyzin et Flandres, avec des taux de grévistes entre 70% et 100%", a listé Eric Sellini, élu national de la CGT-Chimie. Il a également fait état de 80% de grévistes sur le site de Lavéra (Sud-Est) et de 86% à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). La CGT prévoit de continuer la grève. "Il y a besoin de se mobiliser pendant quelques jours, pendant quelques semaines peut-être", a affirmé Emmanuel Lépine. "L'idée, c'est de tenir jusqu'au retrait de la réforme."  

Les raffineries elles-mêmes continuent de produire du carburant : de l'essence et du gazole qui devront jusqu'à nouvel ordre être stockés sur place. Quand les réserves sur site seront pleines, les raffineries devront s'arrêter.

Electricité : une production toujours réduite 

Chez EDF, des baisses de production d'électricité dans plusieurs centrales nucléaires ont débuté dès vendredi 3 mars, alors que tous les salariés du secteur de l'énergie sont appelés à la grève reconductible par la CGT. Mardi après-midi, les grévistes faisaient état d'une baisse de production de 13 000 MW sur les centrales thermiques et nucléaires, un niveau "historique" selon le syndicat, équivalent à une douzaine de réacteurs. Ils affirment également avoir bloqué 8 000 MW de puissance disponible sur les barrages. "On baisse la production, car l'idée est de peser sur l'économie en obligeant l'Etat à racheter du courant ailleurs", a expliqué Thomas Plancot, représentant du collectif nucléaire de la FNME-CGT. 

Mercredi, le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension (RTE) a expliqué qu'il surveillait la situation de près pour éviter des coupures. Dans la matinée, l'organisme a ordonné un arrêt des baisses pour "passer la pointe de consommation du matin". 

Gaz : les terminaux méthaniers de nouveau bloqués 

Dans le secteur du gaz, les blocages se poursuivent également. Plus aucun gaz naturel liquéfié (GNL) n'est déchargé des navires depuis mardi, les quatre terminaux méthaniers portuaires du pays étant bloqués par les grévistes. "L'ensemble des stockages gaz où il y a du personnel, soit 13, sont toujours bloqués. On est dans la même situation qu'hier [mardi]", a précisé Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. 

Selon le responsable syndical, le mouvement va se poursuivre. "Cela durera aussi les jours prochains, car le but est de mettre la pression. Il y a des assemblées générales tous les matins, la détermination est là", a-t-il prévenu. Du gaz continue néanmoins d'arriver par gazoduc de Norvège ou d'Espagne. 

Transports : des perturbations mais une légère amélioration

A la SNCF, l'ensemble des syndicats ont appelé à la grève reconductible. Mardi, le trafic était "fortement perturbé sur l'ensemble des lignes", et seul un train sur cinq en moyenne était en circulation pour les TGV, Ouigo et TER. Dans la soirée, les salariés ont largement choisi de reconduire la grève. Pour la journée de mercredi, un train sur trois est en circulation en moyenne, soit un peu mieux que la veille. Jeudi, la SNCF prévoit un trafic à nouveau "perturbé". La grève continuera au moins jusqu'à vendredi, mais le trafic s'améliorera, a assuré mercredi sur LCI le ministre chargé des Transports, Clément Beaune.

Et après ? "Vendredi, les cheminots vont être attentifs aux autres secteurs", explique Fabien Dumas, secrétaire fédéral SUD-Rail. Rassemblés en assemblée générale à la gare du Nord, mardi soir à Paris, les cheminots veulent installer la grève dans la durée. Mais pas sans les autres secteurs, refusant d'être l'unique locomotive de la contestation. Il y a peu de doutes que "ça tienne jusqu'au 10 [mars]", assurait Gauthier Tacchella, de FO Paris Nord. Mais "la question va se poser" si l'unité entre syndicats et secteurs se fissure en fin de semaine, reconnaît-il.

A la RATP, tous les syndicats avaient également appelé à la grève reconductible. Mardi, en Ile-de-France, le trafic était donc "très perturbé" sur le RER et le métro. Mercredi, la situation s'est légèrement améliorée sur l'ensemble des lignes, mais le service reste toujours très dégradé. Jeudi, la société de transport d'Ile-de-France anticipe une amélioration du trafic (normal ou quasi normal sur l'ensemble des lignes), même si la circulation des métros sera encore perturbée.

Transport aérien : 20 à 30% de vols en moins dans de nombreux aéroports

Dans les aéroports, les pilotes étaient également appelés à la grève reconductible par la CGT à partir du 6 mars. Déjà affecté mardi, le trafic aérien subit aussi des perturbations mercredi, et au-delà. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a exigé des compagnies aériennes qu'elles renoncent à 20 à 30% de leurs vols jeudi et vendredi, comme les deux jours précédents. Le programme des vols sera réduit de 20% à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

Transport maritime : quatre ports à l'arrêt 

Plusieurs ports français sont à l'arrêt mercredi. Les ports de Marseille, La Rochelle, Rouen et Le Havre sont bloqués. Les grévistes empêchent l'accès à ces quatre sites dans ce qu'ils appellent une opération "ports morts". Selon la CGT, il y a 100% de grévistes parmi les agents portuaires et les dockers, comme mardi. 

Déchets : les éboueurs bloquent deux incinérateurs

Les trois incinérateurs de déchets parisiens sont toujours à l'arrêt, dont un pour maintenance à Saint-Ouen, et deux autres en raison de la grève, à Issy-les-Moulineaux et Ivry. Ces deux sites sont toujours occupés par des éboueurs, selon la CGT. Ces agents de la Ville de Paris, qui gèrent une moitié des arrondissements, sont en grève à 35%, contre 60% les jours précédents, a indiqué Régis Vieceli, secrétaire général du syndicat CGT traitement des déchets (FTDNEEA). Du côté des entreprises privées, qui gèrent l'autre moitié des arrondissements de la capitale, la grève se poursuit, a assuré Fabrice Michaud, de la CGT-Transports, sans être en mesure de chiffrer la mobilisation.

A Montpellier, les éboueurs sont également entrés en grève reconductible. Le dépôt Nicollin, à Sète, est fermé et le ramassage des ordures suspendu, rapporte France 3 Occitanie. A Niort, la collecte de poubelles est également bloquée, selon l'AFP. 

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