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"Pugnace", "cynique", "un mystère"... à l'heure de la réforme des retraites, Elisabeth Borne vue par l'opposition

Plus de sept mois après son arrivée à Matignon et à une semaine de la présentation de la réforme des retraites, la Première ministre Elisabeth Borne et sa méthode ne convainquent pas les oppositions de la gauche à l'extrême-droite. 

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa - Hadrien Bect
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Première ministre Elisabeth Borne devant l'Assemblée Nationale le 6 décembre 2022.  (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

C'est elle qui va devoir défendre la réforme des retraites déjà décriée. Nommée à Matignon en mai 2022, la Première ministre Elisabeth Borne doit recevoir mardi et mercredi syndicats et patronats avant de présenter le texte le 10 janvier. Sept mois après son arrivée à la tête du gouvernement, l'opposition n'est pas convaincue par la "méthode Borne". 

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"Elle est pugnace au point d'être dure parfois", analyse le patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Boris Vallaud, habitué aux aller-retour à Matignon pour parler de la réforme des retraites. Il voit surtout dans la Première ministre une exécutante : "À travers elle, on voit toujours le président de la République. Il décide, elle exécute. Elle le fait avec beaucoup de sérieux et de professionalisme, mais la réalité, c'est qu'elle applique une politique que le président de la République n'entend pas faire bouger d'un iota". 

L'utilisation de l'article 49.3 à dix reprises au Palais Bourbon signe également l'échec du compromis et de celle qui les prononce, d'après le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy pour qui "Elisabeth Borne incarne malheureusement ce qu'on appelle la bureaucratie : des personnes qui pourraient servir l'État, mais qui n'ont pas d'identité, d'indépendance, de force politique". 

"Sincèrement, c'est encore pire que ce que je craignais. Je ne pensais pas qu'elle serait cynique."

Jean-Philippe Tanguy

à franceinfo

Les députés LR plus nuancés... pour mieux négocier

Le député Les Républicains Thibault Bazin lui aussi s'est déjà entretenu avec Elisabeth Borne sur le dossier des retraites. "Le ton est plutôt posé et professionnel, elle n'a pas un côté va-t-en guerre comme le président de la République", reconnaît-il, "mais elle n'a pas non plus un côté très chaleureux. Même après six mois de mandat, je dois avouer qu'elle reste pour moi un mystère". 

Si les élus Les Républicains semblent moins offensifs sur la méthode, c'est aussi parce que la droite défend depuis des années l'idée d'un report de l'âge de départ à la retraite. "On est prêt à toper, mais pas n'importe comment", prévient un cadre du parti. La droite refuse de le repousser à 65 ans et privilégie plutôt 63 ou 64 ans. Elle souhaite aussi que ceux qui ont commencé à travailler jeune puissent partir dès qu'ils auront assez cotisé, sans oublier un geste pour les petits retraités.

Elisabeth Borne doit évoquer ces différents points cette semaine avec le patron de LR Eric Ciotti et les présidents des groupes parlementaires. Si les LR se disent prêts au dialogue, c'est aussi pour "montrer qu'on peut gouverner, ça nous différencie du RN", analyse un député. La droite veut aussi faire la preuve qu'elle a fait plier le gouvernement pour ne pas finir par être perçue comme la béquille du gouvernement. 

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