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Réforme des retraites : éducation, raffineries, énergie, transports… A quelle mobilisation faut-il s'attendre mercredi ?

La huitième journée d'action contre le projet de loi de réforme des retraites s'annonce moins perturbée que les précédentes dans les transports.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Des manifestants défilent contre le projet de loi de la réforme des retraites, le 11 mars 2023, à Paris. (VINCENT GERBET / HANS LUCAS / AFP)

Un nouveau temps fort ? La France aborde, mercredi 15 mars, une huitième journée de mobilisation contre le projet de loi de réforme des retraites. Si la mobilisation était en baisse, samedi, avec un million de manifestants en France selon la CGT et 368 000 d'après le ministère de l'Intérieur, les syndicats ne veulent pas lâcher. Le secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail, Julien Troccaz a évoqué une "semaine décisive".

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Au moment où les opposants à la réforme se rassembleront pour manifester, une autre partie se jouera à l'Assemblée avec la réunion décisive entre députés et sénateurs. Sept élus de chaque hémicycle, et autant de suppléants, négocieront à partir de 9 heures en commission mixte paritaire (CMP), à huis clos. Si les parlementaires parviennent à un accord, le texte sera soumis jeudi au vote du Sénat, puis à celui de l'Assemblée, pour son adoption définitive.

Franceinfo fait le point sur les difficultés attendues. 

La "journée noire" devrait être évitée dans les transports

La SNCF prévoit un trafic "perturbé". Les circulations de mercredi seront "globalement similaires" à celles de lundi et mardi : 2 TER sur 5 en moyenne nationale, 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités de jour sur 3 et aucune circulation des Intercités de nuit.

Pour le réseau Transilien, la SNCF estime que la circulation restera "perturbée". Sur le RER E, elle prévoit 3 trains sur 4 ; sur le RER D, elle annonce 2 trains sur 5 en moyenne. Pour le RER C, les lignes H, J et L, la SNCF table en moyenne sur 2 trains sur 3. En revanche, le service sera "normal à quasi normal" pour les lignes K,U, les tramways T4, T11 et T13.

La RATP prévoit un trafic "quasi normal" pour le métro, "normal" pour les bus, les tramways et l'Orlyval. Elle a, en revanche, annoncé un "trafic très perturbé" pour les tronçons de RER qu'elle gère. Pour le RER A, elle annonce en moyenne 1 train sur 2 avec une interconnexion maintenue à Nanterre Préfecture et pour le RER B, elle prévoit également en moyenne 1 train sur 2, avec une interconnexion maintenue à Gare du Nord. "En Ile-de-France, il y aura peu de perturbations", a pourtant assuré le ministre des Transports, Clément Beaune, mardi sur France 2.

Dans le transport aérien, les annulations de vols pour mercredi devraient être également moins nombreuses que la semaine dernière. La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a annoncé lundi avoir demandé aux compagnies aériennes d'annuler mercredi 20% de leurs vols à Paris-Orly. "En dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir", a souligné la DGAC dans un communiqué. Elle invite "les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s'informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l'état de leur vol". En résumé, cette journée de mercredi " sera moins pénalisante, a promis Clément Beaune, on ne sera pas dans les niveaux de perturbation des transports publics qu'on a connus lors des précédentes mobilisations".

Les raffineries toujours bloquées

La plupart des raffineries françaises sont restées bloquées mardi, alors que les agents sont lancés dans une grève reconductible depuis le 6 mars. "Dans les raffineries TotalEnergies, pour l'instant ça n'a pas changé, les expéditions sont toujours bloquées partout" même si la production continue, a déclaré à l'AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT pour le groupe. "Cinq raffineries [étaient] touchées par les mouvements de grève" lundi, a précisé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, sur RMC.

Dans les raffineries de Feyzin (Rhône) et de Normandie, la plus importante de France, le blocage des expéditions de carburants pendant près d'une semaine a conduit à une saturation des bacs de produits, qui risque de nécessiter un arrêt de la production. Dans ces deux raffineries de TotalEnergies, les salariés poursuivent toutefois l'activité avec "des produits qui ne sont pas immédiatement commercialisables", car ils "ne veulent pas mettre la raffinerie à l'arrêt pour l'instant", a détaillé Eric Sellini.

Dans les autres groupes pétroliers, la grève se poursuit également. Si la raffinerie d'Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) a redémarré les expéditions dès jeudi, celle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) "est toujours en grève", a assuré le représentant syndical, tout comme celle de la raffinerie de Petroineos de Lavera, à Martigues (Bouches-du-Rhône).

La grève reconduite jusqu'à la semaine prochaine dans les terminaux méthaniers

Les quatre terminaux méthaniers qui permettent d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France ont reconduit mardi leur mouvement de grève jusqu'en début de semaine prochaine. L'arrêt des trois terminaux Elengy (filiale d'Engie) situés à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) pour deux d'entre eux, et à Saint-Nazaire (Montoir-de-Bretagne, Loire-Atlantique) bloque l'alimentation en gaz du réseau de distribution GRTgaz, le déchargement des navires méthaniers et le remplissage des citernes de GNL jusqu'à mardi prochain, selon Mathieu Michel, élu CGT d'Elengy.

Les éboueurs parisiens poursuivent leur grève "au moins jusqu'au 20 mars"

Les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi la poursuite de leur grève "au moins jusqu'au 20 mars" dans la capitale, où les déchets s'entassent sur les trottoirs. Quelque 7 000 tonnes d'ordures non ramassées ont été dénombrées au neuvième jour de grève, selon le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, qui déplore une "situation catastrophique créée par le gouvernement". "Si l'Etat veut réquisitionner, c'est son problème", a-t-il déclaré en conférence de presse, mardi.

Les ports à l'arrêt depuis lundi

La CGT a appelé lundi à trois jours d'arrêt de travail dans les ports de France, avec une journée "ports morts" en point d'orgue jeudi. "On n'est pas là pour bloquer l'économie, on est là pour obtenir le retrait du projet", a lancé Serge Coutouris, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale CGT des ports et docks. "Jeudi, durant toute la journée, rien ne rentre et rien ne sort" des ports, a-t-il promis.

La CGT est majoritaire dans tous les ports de France, sauf celui de Dunkerque (Nord). Une éventuelle adoption du projet de loi avec l'utilisation de l'article 49.3 changerait "forcément les conditions du conflit", a prévenu Olivier Mateu, secrétaire général de la CGT dans les Bouches-du-Rhône. "Si le gouvernement utilise le 49.3, il n'y aura plus de règle pour personne."

Des actions dans les secteurs de l'énergie et de la sidérurgie

Dans les secteurs de l'électricité et du gaz, les actions de protestation se poursuivent. La CGT Energie des Alpes-Maritimes a ainsi revendiqué, auprès de France Bleu Azur, avoir coupé l'électricité de la préfecture du département mardi. Et l'issue du vote du projet de loi pourrait ne pas changer grand-chose. "La détermination reste intacte. (…) Chez ceux qui sont en grève reconductible depuis maintenant 15 jours, il y a une volonté de ne pas s'arrêter [en cas de] 49.3 ou un vote défavorable", a déclaré Sébastien Menesplier, le secrétaire général de la CGT Mines-Énergies, sur BFMTV lundi. Côté sidérurgie, des barrages filtrants ont été mis en place mardi à l'entrée du site d'ArcelorMittal à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), rapporte France Bleu Provence. Sur place, les salariés mobilisés filtrent les trois entrées du site et distribuent des tracts pour la manifestation de mercredi. 

Les enseignants toujours mobilisés

Le syndicat FSU-SNUipp, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, et le SNES-FSU, syndicat majoritaire des collèges et lycées, ont relayé l'appel à la grève de mercredi.

"Balayer d'un revers de la main et mépriser l'expression de millions de personnes, de l'ensemble des organisations syndicales, c'est fouler aux pieds la démocratie", affirment les syndicats dans un communiqué commun. "On continue jusqu'au retrait de la réforme", ajoutent-ils.

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