Réforme des retraites : "La lutte, c'est toujours un sacrifice", témoignent des salariés "prêts à tout" malgré le vote au Sénat
"S'il faut taper sur la table, on tapera sur la table", car c'est "pour notre dignité" que nous sommes en grève contre la réforme des retraites, témoignent lundi 13 mars 2023 sur franceinfo des salariés des Bouches-du-Rhône, déterminés à poursuivre le mouvement alors que le texte a été adopté samedi par les sénateurs. Le projet de loi qui poursuit son chemin parlementaire sera discuté en commission mixte paritaire à l'Assemblée nationale à partir de mercredi.
Ces salariés grévistes sont toujours convaincus de pouvoir faire reculer le gouvernement à l'image de cette assistante maternelle à Martigues. Les journées de grève lui ont déjà coûté beaucoup d'argent, "je dirais, entre 600 et 700 euros". Alors franchement, ce ne sont pas les sénateurs qui peuvent la freiner : "Moi, je suis prête à tout pour ne pas me laisser faire parce que si on reste chez nous à ne rien faire, ce n'est pas comme ça que ça va fonctionner", tempête-t-elle, avant la prochaine mobilisation mercredi.
"On ne va rien lâcher"
La mobilisation finira par payer. Que la réforme soit définitivement adoptée ou non, c'est ce que pense ce responsable CGT de la centrale thermique de Gardanne. "Le CPE [contrat première embauche] était passé en 2006, on a continué, on a gagné et ils ont retiré le CPE", défend-il. "On va faire pareil, on va continuer, on ne va rien lâcher. Vu l'état des mobilisations, on a tout ce qu'il faut pour gagner. La lutte, c'est toujours un sacrifice. Qu'est-ce qu'on est prêts à perdre aujourd'hui pour gagner tout le reste demain ?", lance-t-il. Grève, blocage voire plus... Cet agent d'Enedis d'Aubagne s'interroge : "On n'est pas pour de la casse, dit-il, mais malheureusement en faisant tout ce que l'on fait aujourd'hui, en perdant de l'argent en pagaille si on n'est pas entendus, s'il faut taper sur la table, on tapera sur la table", reconnaît-il.
"Taper sur la table, ça veut dire qu'on peut couper le courant, on a encore ce pouvoir-là. Pour le moment. Il n'est pas trop utilisé".
Un agent Enedis d'Aubagneà franceinfo
Ce gréviste, serait-il prêt à aller jusqu'à des coupures d'électricité ? : "Oui, oui, bien sûr et je ne suis pas le seul. On est beaucoup à vouloir le faire". D'autres admettent pourtant, une certaine lassitude. "On sera battus", lâche Khalid qui va quand même continuer. C'est une question de dignité. "Tant que je peux le faire, je le ferai, je ferai grève. Je n'arrêterai pas, ce n'est pas grave si on perd des jours de salaires, ce n'est pas important", témoigne-t-il. "On ne peut pas penser qu'à nous. On perd des jours de salaire, mais on ne meurt pas de faim quand même. C'est pour garder notre dignité et dire que c'est nous qui produisons, il faut nous écouter. Ils vont nous écouter. Il y en a marre".
"Il faut se battre"
Cet ouvrier d'Arcelor Mittal à Fos-sur-Mer espère un dernier sursaut des Français. "C'est comme dans une soirée. Au début, c'est calme et on se dit que ça va être bidon. Non, il faut rester, affirme-t-il, car quand on sort en boîte c'est vers deux ou trois heures du matin", que ça devient intéressant. "On ne lâche pas l'ambiance, eh bien là c'est pareil : on est en plein milieu de la soirée, il ne faut pas lâcher. Jusqu'au matin, il faut se battre. Il ne faut pas lâcher".
Ces salariés, opposés à la réforme des retraites, veulent tout donner tant qu'il est encore temps, jusqu'à la dernière danse, au risque de subir une sacrée gueule de bois si au bout de la lutte, ils n'obtiennent pas gain de cause.
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