Réforme des retraites : lâcheté ou habileté, la presse est mitigée
Les propositions de Jean-Marc Ayrault sur le dossier des retraites sont insuffisantes, selon certains éditorialistes. Pour d'autres, c'est un moyen d'éviter la contestation sociale.
Le Premier ministre a dévoilé, mardi 27 août, les termes de sa réforme des retraites. La durée de cotisation passera à 43 ans en 2035 et les prélèvements seront alourdis pour combler le déficit structurel du système. Le gouvernement prévoit également de mettre en place un compte pénibilité. Des mesures qui laissent les éditorialistes sceptiques.
Un manque de courage
"Courage fuyons !" Le titre de l'éditorial du Figaro attaque ce qu'il considère comme de la lâcheté de la part du Premier ministre. "Si Jean-Marc Ayrault cherchait à ne pas s'attirer d'ennuis supplémentaires avec les retraites, il peut être rassuré", commence le quotidien. La réforme ne touche ni aux régimes spéciaux, ni à l'âge légal de départ en retraite, se désole Gaëtan de Capèle. La Croix regrette que "le gros des évolutions qui fâchent, notamment l'allongement de la durée de cotisation", attende 2020. "Le gouvernement a choisi la prudence et de ne pas s'attaquer aux dossiers les plus polémiques", continue Dominique Quinio.
Une stratégie de l'évitement
Anticiper l'annonce des mesures est un bon moyen pour éviter les manifestations essuyées par Nicolas Sarkozy quand il s'était lancé dans la réforme, estime La Voix du Nord. "En abattant son jeu dès hier soir [mardi 27 août], Jean-Marc Ayrault a aussi cherché à désamorcer la mobilisation syndicale avant la journée d'action prévue le 10 septembre." La Dépêche du Midi souligne que "le front social, qu'on imaginait 'explosif' avec un dossier comme celui des retraites, vient d'être momentanément désamorcé".
Une réforme intelligente
L'éditorialiste Henry Lauret, dans Le Télégramme, salue l'ingéniosité de Jean-Marc Ayrault. "Politiquement habile", la réforme "renforce le chef d'une majorité viscéralement chamailleuse qui y trouvera sans doute quelque apaisement momentané". Il conclut : "Le démineur de Matignon ne doit pas être mécontent de son tour de passe-passe." Même constat pour La Montagne : si "la réforme n'est pas juste, puisqu'elle ne réduit pas les inégalités de départ entre régimes", "elle est habile".
Le Républicain lorrain estime qu'il s'agit presque d'un "succès politique, dans la mesure où la CFDT et le patronat ont été enrôlés dans une forme de coalition des pragmatismes".
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