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Retraites : avant l'entrée en vigueur de la réforme, les agents des caisses de retraites sont sous pression pour "payer en temps et en heure les assurés"

À la veille du 1er septembre, où l'âge légal de départ à la retraite passera donc officiellement à 64 ans, les agents des CNAV repassent les dossiers. Un calendrier serré qu'il a fallu tenir depuis la promulgation de la loi en avril et alors que les 31 textes d'application de la réforme ont été publiés au compte-gouttes.
Article rédigé par franceinfo - Camille Marigaux
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Publié Mis à jour
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Une femme consulte son dossier retraite (illustration). (MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Dès vendredi 1er septembre, l'âge légal de départ à la retraite passe à 62 ans et trois mois pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961, puis sera progressivement décalé de trois mois chaque année, pour atteindre 64 ans en 2030. Après l'intense bras de fer entre l'exécutif et les syndicats, la contestée réforme des retraites entre officiellement en vigueur, sans droit à l'erreur pour les administrations chargées de sa mise en oeuvre.  

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En coulisses, la pression est déjà montée d'un cran depuis plusieurs mois. Dans cette agence parisienne de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse (CNAV), dans le 15ème arrondissement, 117 dossiers sont concernés par la réforme, dont une très grande majorité a déjà été traitée avant l'échéance.

Pour Sarah, qui a pris son poste il y a six mois dans cette agence, il faut juste être un peu plus vigilante, notamment en ce qui concerne les départs anticipés, pour ceux qui ont eu une carrière longue avec davantage de paliers : "Avant, on n'avait que (les cas de carrières débutant à l'âge de) 20 ans et 16 ans et aujourd'hui, on a 16, 18, 20 et 21 ans. Il faut qu'on ait un peu plus le réflexe à ce niveau-là..."

Des CDD recrutés en renfort

Karine Guéry est responsable des 23 agents qui ont préparé les choses en amont, dès le printemps : "Même si, par exemple, le décret n'était pas tombé, on a commencé à traiter la régularisation de carrières, donc la mise à jour de la carrière. Et une fois que le décret était tombé, on pouvait finaliser les dossiers. Le but, c'était vraiment de ne pas perdre de temps et surtout de payer en temps et en heure les assurés."

Au total, une quinzaine de CDD ont été recrutés en renfort dans les 25 agences franciliennes. Mais l'attribution des droits reste entre les mains des experts techniciens retraite qui ont dû se former aux nouveaux paramètres de départ pour chaque assuré. Nora Damani, directrice retraite des agences CNAV d'Île-de-France : "On a eu des diffusions d'instruction, des webinaires pour former et informer l'ensemble des collaborateurs. Donc ça a nécessité du temps d'appropriation et ça nécessite encore du temps d'appropriation."

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Des anomalies pointés par la Cour des comptes

De la complexité en plus, donc, qui fragilise des équipes déjà insuffisantes, pointent de leur côté les syndicats. "Tous les ans, la Cour des comptes pointe le nombre de dossiers en anomalie sur les montants liquidés, parce que les carrières sont mal renseignées, dénonce Régis Mezzasalma, administrateur CGT à la CNAV et conseiller retraites à la CGT. Au lieu de le faire bien au premier coup, on le fait moyennement bien. Ce qui signifie que derrière, il faut les reprendre et que l'assuré, lui, n'a pas nécessairement la vue sur le juste calcul de sa pension."

Pour cela, la CNAV a annoncé l'arrivée en novembre d'un outil qui permettra aux assurés de compléter leur dossier au fur et à mesure de leur carrière. Un dispositif qui arrive bien trop tard pour certains syndicats. Au niveau national, 300 nouveaux techniciens en CDI seront opérationnels cet automne, selon la CNAV.

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