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Sécheresse : retour dans la Vienne, après un été pluvieux

Ils nous avaient accueillis début juin sur leur exploitation d’élevage à Montmorillon dans la Vienne, l’un des départements les plus touchés par la sécheresse du printemps. A l’époque, Mathieu Morin et Emmanuel Gaumer n’avaient pas pu rentrer le moindre fourrage pour l’hiver et ils étaient très pessimistes quant à l’avenir de leur entreprise. _ A l’issue d’un été particulièrement pluvieux, les pâtures ont verdi, et nos deux éleveurs ont meilleur moral. D’autant qu’une aide exceptionnelle de l’Etat, versée en partie cette semaine, va leur permettre de faire face, dans l’urgence, à quelques échéances.
Article rédigé par franceinfo
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Sur le Plateau de Montmorillon, ce n’est pas l’euphorie, mais le moral est meilleur qu’il y a trois mois. Ce qui a fait le malheur des vacanciers a fait le bonheur des agriculteurs : un été particulièrement pluvieux, fin-juillet et en août, a redonné de la couleur aux pâtures.
_ Les quelque 200 vaches Limousines de Mathieu Morin et Emmanuel Gaumer ont finalement passé l’été dehors, et ont réussi à brouter de l’herbe fraîche : autant de nourriture qu’il n’a pas fallu prélever sur les maigres réserves de l’hiver.

Et puis les risques pris par nos deux jeunes éleveurs ont payé : en plein cagnard de juillet, ils avaient décidé d’ensemencer des champs. Si la sécheresse avait duré, cela aurait été une perte supplémentaire. Mais comme il a plu, l’herbe a poussé et ils viennent de commencer à faucher ce qui constituera une réserve d’ensilage pour l’hiver. Le fourrage n’aura pas les mêmes qualités d’une récolte printanière – "l’herbe est meilleure à la pousse qu’à la repousse", explique Mathieu Morin – mais ce sera toujours autant de paille et de céréales qu’il ne sera pas nécessaire d’acheter.

"Pris à la gorge"

C’est à la mi-juillet également que le gouvernement avait ouvert la voie à des indemnisations exceptionnelles, dans le cadre du Fonds de calamité agricole. L’Etat avait provisionné 200 millions d’euros.
Les chèques arrivent cette semaine.
L’ensemble de la Vienne a été placé en zone sinistrée. Près de 1.500 exploitations ont déposé des dossiers de demande d’indemnisation, plus de la moitié (763) ont été déclarées recevables. Chaque exploitant devrait toucher en moyenne 2.400 euros. Une goutte d’eau, qui représente toutefois une bouffée d’oxygène pour des agriculteurs "tout le temps pris à la gorge", explique Mathieu Morin.

Mais les bénéficiaires ne touchent cette semaine qu’une avance sur cette aide : environ les deux tiers. Le solde ne devrait pas leur être versé avant mars 2012… s’il leur est effectivement un jour. Car "on a déjà vu des aides dont le solde n’est jamais arrivé", s’inquiète l’éleveur. Les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent…

Quant aux prix de vente de la viande – cela fait des années qu'ils s'effondrent – les cours ont à peine frémi. "On nous dit que tous les indicateurs sont au vert pour que les cours repartent, mais le prix au kilo a pris à peine quelques centimes", se lamente Mathieu Morin.

Gilles Halais

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