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Rachat des RTT par l'employeur : "C'est travailler plus pour gagner moins", dénonce le président du syndicat CFE-CGC

Le Sénat a voté, dans la nuit de lundi 1er à mardi 2 août, la possibilité pour une entreprise de racheter les RTT de ses salariés, mais le président de la CFE-CGC critique l'idée que ce rachat serait bénéfique pour le pouvoir d'achat des salariés.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François Hommeril, président de la CFE-CGC, invité de franceinfo le 17 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La possibilité de rachat de RTT par les entreprises votée dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 août par le Sénat est "un "dispositif d'attaque des droits sociaux", dénonce le président de la CFE-CGC François Hommeril, sur franceinfo. Il est signataire d'une tribune publiée dans le Journal du Dimanche dénonçant la mesure. François Hommeril déplore également le "discours assez pervers" du gouvernement qui décrit cette mesure comme un gain de pouvoir d'achat.

franceinfo : Vous signez cette tribune intitulée "Monétisation des RTT cheval de Troie d'une régression sociale", pourquoi employer ces termes-là précisément ?

François Hommeril : Je pense que ces termes sont parfaitement adaptés. C'est travailler plus pour gagner moins. Parce que premièrement, dans cette opération de monétisation des RTT, ces heures sont valorisées à 10% en supplément de leur valeur, alors que ce sont des heures supplémentaires. Et au lieu de les rémunérer avec une majoration de 25%, on va autoriser l'employeur à ne le faire que de 10%. Donc il y a une moins-value. Par ailleurs, on va l'exonérer de ses cotisations d'employeur. Mais qui va payer ses cotisations en remplacement ? C'est l'impôt. Ce sont les salariés. C'est définitivement inacceptable et il s'agit effectivement d'une régression sociale.

Le gouvernement, lui, insiste sur le côté volontaire. Que craignez-vous ? Que certains patrons forcent la main des salariés ?

Je ne crois pas que les employeurs soient forcément mal intentionnés. Simplement, ce que je sais, c'est que le champ de contraintes qui s'exerce vis-à-vis des salariés est extrêmement fort et c'est un champ de contraintes qui est relié à l'activité économique de l'entreprise. Les salariés sont très concernés par cette question. Ils sont très attentifs à la marche de leur entreprise et à leur investissement. Donc il y a le risque que les contraintes qui sont liées à l'activité de l'entreprise s'imposent à eux.

Pourquoi selon vous ?

Peut-être que par conscience professionnelle, ils vont dire finalement, je ne vais pas prendre ma RTT, je vais me la faire payer. Et peut-être même que l'on va le leur demander. Il ne faut pas perdre de vue que l'exercice professionnel se fait dans un lien de subordination. Donc, lorsque l'on vient demander à quelqu'un "ça serait bien si tu ne prenais pas ta journée de vendredi, mais que tu viennes travailler contre cette petite bonification de 10% et que moi, employeur, je vais être exonéré de toutes les cotisations", le salarié risque de se sentir obligé de dire oui.

Êtes-vous d'accord avec ces élus de gauche et écologistes qui parlent d'un enterrement des 35 heures voté en pleine nuit ?

Je suis d'accord avec les termes de la tribune que j'ai signée. Cela me paraissait important de m'associer à cette tribune parce que je suis d'accord avec tout ce qu'elle décrit du dispositif d'attaque des droits sociaux et du discours que je trouve un peu perfide, qui prétend "donner du pouvoir d'achat", alors qu'en vérité, on appauvrit les gens. Il me semblait important de m'associer à cette tribune pour lancer l'alerte par rapport à un discours que je trouve assez pervers.

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