Témoignages "On est jetés dehors comme des malpropres" : à Cholet, les salariés de Michelin en colère après l'annonce de la fermeture de l'usine

Le fabricant de pneumatiques a annoncé mardi la fermeture de deux usines en France, à Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan). Plus de 1 250 postes seront supprimés d'ici le début de l'année 2026.
Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des pneus en feu devant l'usine Michelin de Cholet après l'annonce de la fermeture de l'usine par le groupe, le 5 novembre 2024. (RAPHAEL EBENSTEIN / FRANCEINFO)

Un choc et de l'abattement. Après l'annonce, mardi 5 novembre, de la fermeture de l'usine de Cholet (Maine-et-Loire) par le groupe Michelin, les salariés sont en colère. Gaëtan, 32 ans, travaille sur place depuis douze ans à la production de pneus. Et même si cette production était en forte baisse, moins 40% d'activité depuis 2019 selon les syndicats, il semble encore secoué par l'annonce. "On le sentait déjà dans les ateliers, raconte Gaëtan. On entendait beaucoup de bruits, mais on ne pensait pas que ça allait arriver aussi vite que ça et surtout en si peu de temps."

"Du jour au lendemain, on nous apprend que dans huit mois, on n'a plus de boulot."

Gaëtan, salarié de Michelin

à franceinfo

Et si la direction de Michelin parle d'une décision prise en dernier recours après des années de difficultés liées à la fois à l'inflation, aux prix de l'énergie, à la concurrence effrénée des Chinois, Cédric rejette ces arguments. Pour lui, c'est une stratégie délibérée de la part de la direction qui avait déjà fermé l'usine de La Roche-sur-Yon, non loin d'ici, en 2019. "On voit clairement la stratégie du groupe, explique Cédric. Les sites français coûtent cher et on se rend compte qu'il y a aujourd'hui Vannes et Cholet, demain, ça va être quoi ? On ne sait pas. Il y a eu La Roche-sur-Yon, il y a Poitiers. Maintenant on attend, on est jetés dehors comme des malpropres."

"On va attendre un licenciement décent"

Mais alors que Michelin promet d'accompagner les 1 254 salariés concernés, Morgane Royer, déléguée syndicale SUD à l'usine de Cholet, interpelle le directeur général Florent Menegaux, à la réputation de patron social, pour obtenir au moins des conditions dignes de départ : "Monsieur Menegaux nous parle de salaire décent. Nous, on va attendre un licenciement décent et voir si Michelin est capable de faire à la hauteur de ses dires un peu partout. Pour le moment, ce qu'ils nous ont donné en termes d'accompagnement pour la suite, ce n'est pas entendable et ce n'est pas acceptable venant d'un groupe comme Michelin. On n'est pas la petite PME du coin."

Les salariés encore présents devant le site dénoncent précisément la proposition de partir avec l'équivalent d'un an de salaire comme indemnités. Certains entendent bien bloquer l'entrée du site tous ces prochains jours, alors que des discussions sur les conditions de départ doivent reprendre demain entre la direction et les représentants syndicaux.

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