: Reportage Les "Greeters", ces guides qui font visiter gratuitement leur ville, séduisent les touristes autant qu'ils agacent les professionnels
Vous avez peut-être croisé, sans le savoir, des Greeters cet été. Ce sont des bénévoles et des riverains qui font découvrir leur quartier ou leur ville, gratuitement. L'idée se développe depuis une quinzaine d'années en France, importée des États-Unis ("To greet" veut dire accueillir en anglais). Aujourd'hui, ils sont environ 1 700 recensés selon la Fédération des Greeters de France, dont près de 300 à Paris.
Sur le Pont Neuf, à quelques pas de l'Académie française, Françoise propose une balade de deux heures. "On va marcher dans le quartier de Saint-Germain des Prés", explique-t-elle, accompagnée d'une touriste. "Cette dame m'a dit qu'elle s'intéressait aux librairies."
"Montrer ce qui me plaît"
Greeter depuis une dizaine d'années, cette ancienne ingénieure aime faire découvrir son quartier bénévolement, "se balader dans des rues que j'aime bien, montrer ce qui me plaît dans ce quartier". Françoise fait visiter ses boutiques, ses monuments préférés, notamment l'église de Saint-Germain-des-Prés. Un aspect convivial qui séduit cette touriste tout juste arrivée de Manille. "Je voulais découvrir Paris avec une personne qui connaît vraiment Paris, explique-t-elle. Ils (les 'Greeters') sont réellement passionnés, ça m'ouvre plein de nouvelles perspectives pour découvrir la ville. Avec les visites guidées que j'ai vues sur Internet, je ne suis pas sûre que ce soit la même chose."
Pour autant, pas question pour Françoise de se qualifier de guide touristique. "Je n'ai pas les compétences d'un guide officiel. Ce qui m'amuse, c'est de présenter mon quartier, les boutiques que j'aime bien, décrit-elle. Comme on vit dans ce quartier, ce n'est pas du tout comme une visite guidée où il y aura plein d'éléments techniques précis que je ne connais pas."
Un manque de transparence, selon des professionnels
Mais cette concurrence agace les professionnels du secteur, comme Cecyl Tarlier, président de l'association des Guides de France. "Nous avons des compétences qui ont été validées au niveau universitaire à bac+3. Donc, nous avons une culture historique et géographique qui a été validée et reconnue, là où les Greeters sont plutôt des guides bénévoles, dont les contenus qu'ils délivrent au public n'ont jamais été validés par l'université, par exemple."
Le guide conférencier insiste aussi sur la transparence de cette activité. "D'un côté, il y a un travail qui est déclaré à l'Urssaf, aux impôts, alors que de l'autre côté, c'est le flou le plus total. On sait que les Greeters prélèvent des sommes en liquide et on ne sait pas où elles vont et à qui elles sont destinées", assure-t-il.
De leur côté, les Greeters affirment qu'ils ne perçoivent aucune somme d'argent liquide, et que les dons reçus à la fin des balades sont automatiquement reversées au fonctionnement de l'association. "Nous sommes entièrement bénévoles", nous précise la fédération France Greeters qui rejette les accusations émises par les guides conférenciers. "Nous avons tenté d’établir une charte ensemble mais sans succès."
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