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Doit-on se plaindre de nos autoroutes ?

Un rapport de la Cour des comptes a mis en avant des défaillances sur les réseaux autoroutiers. 

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'A7, dite "Autoroute du soleil", le 6 juin 2013. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

A l'heure des vacances, des milliers d'automobilistes se pressent sur les autoroutes et passent, à leur grand regret, par les bornes de péages. Ils trouvent que c'est trop cher et ils ont raison. La Cour des comptes vient de confirmer que les tarifs étaient excessifs dans un rapport sur les sociétés concessionaires d'autoroutes publié mercredi 24 juillet. Surtout, la qualité du service n'est pas à la hauteur des prix : la Cour fait état de plusieurs défaillances sur les autouroutes gérées par des groupes privés, qui représentent trois-quarts du réseau autoroutier. Les Français sont-ils en droit de se plaindre de leurs autoroutes ? Francetv info s’est penché sur la question.

Oui, certains points doivent être améliorés 

Des chaussées pas toujours optimales. Les audits concernant les chaussées sont "peu fréquents", regrette la Cour. Pourtant, leurs résultats peuvent être édifiants. En 2010, l’audit mené sur le réseau d'Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) a permis de constater "d'importantes dégradations de l'état des chaussées (décollement de revêtement) sur des sections étendues du réseau". La société APRR a dû engager des travaux en urgence. Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d’automobilistes, met lui en avant le problème des infrastructures. "Les glissières de sécurité sont souvent de qualité minimale alors qu'elles peuvent empêcher de nombreux accidents", explique-t-il à francetv info.

Des ponts et des tunnels mal entretenus. Les ouvrages d'art, tels que les ponts et les tunnels, sont "en mauvais état" et le budget consacré à leur réparation est très faible, selon les audits consultés par la Cour des comptes. Deux concessionnaires sont particulièrement épinglés : la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN) et Autoroutes du Sud de la France (ASF, groupe Vinci). Le budget alloué aux ouvrages par la SAPN devrait être 2 à 2,5 fois plus important, ont estimé les experts du ministère des Transports en juin 2011. Quant à Autoroutes du Sud de la France, un "grand nombre d'ouvrages en surcharge pondérale" lui ont été signalés en avril 2011. Pire, les ouvrages à rénover d'urgence ne diminuent pas.

Des voies publiques encore plus défaillantes. "Les autoroutes gérées par des concessionnaires sont de meilleure qualité que celles gérées par des sociétés publiques", relève Pierre Chasseray. En Seine-Saint Denis, par exemple, l’A1, l’A3 et l’A86 sont du ressort de la Direction interdépartementale des routes (DIR) Ile-de-France. Plusieurs élus ont fait part de leurs inquiétudes concernant la piètre qualité de ces routes. Le sénateur Philippe Dallier (UMP) a récemment alerté le ministère des Transports sur le "délabrement des infrastructures" qui semblait "s'accélérer depuis quelques mois, en raison d'un entretien manifestement insuffisant". En 2010, la sénatrice socialiste Patricia Schillinger listait déjà les problèmes du réseau dans une question écrite au gouvernement : "Mauvaise qualité de la chaussée et du revêtement des autoroutes, usure des barrières de remblai, problèmes d'éclairage..."

Non, le bilan global n'est pas mauvais

Une sécurité assurée. Malgré les défaillances pointées par la Cour des comptes, le président de l’institution, Didier Migaud, estime que "le réseau autoroutier est plus sûr et mieux entretenu que les autres (axes routiers)", rapporte Libération (article payant). Pierre Chasseray abonde dans son sens : "Les morts sur autoroutes ne représentent que 4% de la mortalité routière, les 96% restant ont lieu sur d’autres voies, cela montre bien que la chaussée est bonne", assure-t-il. Et de conclure : "Dans la globalité, le réseau autoroutier est bon."

Des usagers satisfaits. Les autoroutes apportent plutôt satisfaction à leurs clients, si l’on en croit les enquêtes (PDF) menées par l’Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA). En 2011, les automobilistes ont donné une note de satisfaction globale de 7,7/10  aux autoroutes. Le résultat était le même en 2010. L'état de l'autoroute (propreté de la chaussée, marquage au sol et qualité du revêtement) a été noté 8,3/10. Le critère de satisfaction qui a obtenu la moins bonne note est "l’esthétique de l’autoroute", avec 7,5/10. En revanche, les usagers n’ont pas été interrogés sur les prix. 

Premier élève de Europe. En réponse à la Cour des comptes, les sociétés de concessions d'autoroutes se sont défendues et ont déploré des coûts d'exploitation élevés en montagne. Elles ont aussi mis en avant une étude européenne de 2010 révélant que les autoroutes françaises étaient les plus sûres d’Europe. Cette enquête, menée par l’organisme indépendant EuroRAP, était basée sur une trentaine de critères liés aux infrastructures tels que la qualité du revêtement, les glissières de sécurité ou encore la distance entre les sorties et les entrées d'autoroute. La France s’est distinguée "par un niveau de protection uniforme", expliquait à l'époque Le Figaro

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