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"Baratin hypocrite", "opération de communicant"... Les réactions politiques à la lettre d'Emmanuel Macron adressée aux Français

Après la lettre d'Emmanuel Macron adressée aux Français, en vue du grand débat national, plusieurs politiques ont réagi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron, lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre. (MICHEL EULER / POOL / AFP)

Dans sa lettre adressée aux Français, dimanche 13 janvier, Emmanuel Macron a affirmé vouloir "transformer (...) les colères en solutions". Dans ce long message, en réponse au mouvement des "gilets jaunes" et alors que le grand débat national va s'ouvrir mardi 15 janvier, le chef de l'Etat a posé 32 questions qu'il estime "au cœur de nos interrogations". Cette lettre a suscité de très nombreuses réactions, franceinfo a compilé les plus marquantes.

"Un exercice plutôt réussi" pour Jean-Christophe Lagarde (UDI)

Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI et député de Seine-Saint-Denis, a estimé sur franceinfo que la lettre était "un peu longue". Il craint que beaucoup de "Français ne la lisent pas, mais l'exercice est plutôt réussi", a-t-il ajouté.

L'élu centriste attend maintenant de savoir quelle sera l'utilité de cette lettre, et si Emmanuel Macron acceptera d'entendre les réponses des citoyens. "Si c'est juste pour faire semblant, comme ça a été le cas pendant l'élection présidentielle, ce n'est pas vraiment nécessaire. La question c'est, est-ce qu'il est capable, d'entendre, de comprendre et d'apprendre l'avis des Français ? On verra", a-t-il déclaré.

Le Rassemblement national regrette "un baratin hypocrite"

Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national ne se fait "aucune illusion sur ce grand débat qui est un grand pipeau national". Invité de franceinfo, le député du Nord voit dans cette lettre de cinq pages, "un baratin hypocrite qui nous indique simplement que La République en marche et le président de la République en premier, sont comme des poules devant un couteau et ne savent plus où conduire la France".

L'élu déplore que le sort de l'ISF soit tranché avant même le débat - Emmanuel Macron a d'ores et déjà annoncé qu'il ne reviendrait pas sur sa suppression. "Qu'il n'y ait pas de questions interdites, c'est intéressant, le problème c'est qu'il y a des réponses interdites", a estimé Sébastien Chenu.

"La question de l'impôt sur la fortune ne peut pas être interdite" selon le PS

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a lui aussi regretté que l'ISF soit absent du débat. "Tous les sujets doivent pouvoir être évoqués et la question de l'impôt sur la fortune, de la fiscalité des plus riches, ne peut pas être interdite", a-t-il déclaré sur franceinfo.

"On ne peut pas convoquer l'ensemble des Français à un grand débat en leur disant 'vous aurez vos questions, et ce sera mes réponses'. La question de l'ISF n'est pas qu'une question de symbole, c'est une question de principe. C'est une question d'égalité, c'est une question de justice et c'est un des thèmes majeurs de la révolte entamée par les gilets jaunes", a conclu Olivier Faure.

"Une opération de communicant" déplore Alexis Corbière (La France Insoumise)

"C'est une opération de communicant, qui recule un peu sur l'arrogance première, en disant que des thèmes vont être abordés, mais quand on lit entre les lignes, on comprend bien que c'est assez cadré, que c'est assez clôturé", a réagi sur franceinfo Alexis Corbière, député La France Insoumise de Seine Saint Denis, et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon.

"Si j'invite des gens à la maison pour discuter, et que je leur dit à la fin de la soirée : 'c'est moi tout seul qui choisirai ce qu'il faut retenir', vous avez bien l'impression que je ne suis pas démocrate, qu'en vérité j'utilise une méthode qui n'est pas efficace et en vérité c'est ce que fait le président Macron", a-t-il ajouté.

"Il n'y a pas pas de questions taboues" assure Jean-Baptiste Djebbari (député LREM)

"Il [Emmanuel Macron] l'a dit, il n'y a pas de questions taboues. J'ai lu la lettre attentivement et je crois que le président n'élude aucun sujet, sur les bons et les mauvais impôts, sur la relocalisation nécessaire de la vie démocratique, sur l'immigration, sur l'intégration, sur la laïcité. Ça pose des éléments pour le débat, qui pourra être plus large que ça, et c'est à celui-ci maintenant d'apporter les réponses pour transformer la colère des Français en solution", a réagi sur franceinfo Jean-Baptiste Djebbari, député LREM de Haute-Vienne.

Emmanuel Macron n'évoque pas l'ISF dans sa lettre, c'est logique pour Jean-Baptiste Djebbari : "Les sondages disent que 40% de la population est intéressée pour participer au grand débat. Tout le week-end, j'ai parlé à des retraités, à des citoyens, à des "gilets jaunes" et je peux vous dire que le sujet de l'ISF ne revient pas en premier."

"Tout ceci est fait pour gagner du temps", estime Laurence Saillet (porte-parole LR)

"J'ai le sentiment que tout ceci est fait pour gagner du temps parce qu'Emmanuel Macron devrait déjà comprendre que la politique fiscale, économique, qu'il a menée n'est pas la bonne, et c'est ce qui a conduit les Français dans la rue", a réagi de son côté Laurence Saillet, porte-parole du parti Les Républicains. "Après 18 mois d'exercice, le président de la République remet sur la table l'ensemble des sujets, laissant penser que ceci mènerait éventuellement à un changement de sa politique. Mais il dit aussi qu'il n'en changera pas, donc il y a une très grande ambiguïté", affirme la porte-parole Les Républicains.

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