"C'est criminel de continuer à les utiliser" : des avocats demandent l'interdiction des grenades explosives
Cinq avocats qui défendent des "gilets jaunes" blessés lors des manifestations demandent au Premier ministre l'arrêt de l'utilisation des grenades GLI-F4 par les forces de l'ordre.
Un collectif de cinq avocats parisiens appelle solennellement et par courrier le Premier ministre Edouard Philippe à interdire en urgence l'emploi par les forces de l'ordre de grenades qu'on appelle GLI-F4. Plusieurs manifestants "gilets jaunes" ont été blessés à Paris ces deux derniers samedis par de grenades de ce type.
>> Pourquoi des "gilets jaunes" veulent-ils l'interdiction des grenades explosives GLI-F4 ?
Ces avocats ont d'ailleurs aussi annoncé le dépôt de plusieurs plaintes contre X pour violences volontaires avec armes ayant entrainé blessures ou infirmités ainsi que mise en danger de la vie d'autrui. Me Raphaël Kempf, l’un des avocats du collectif, explique à franceinfo qu'il allait demander "au Premier ministre l'abrogation du décret autorisant l'utilisation de ces grenades par les forces de l'ordre."
franceinfo : Que demandez-vous pour les prochaines manifestations ?
Me Raphaël Kempf : Jeudi 29 novembre, nous avions demandé par lettre officielle à Christophe Castaner de ne pas utiliser ce type de grenade. Nous n'avons toujours pas reçu de réponse à ce courrier et nous le regrettons. Nous avons décidé d'une action plus juridique : écrire au Premier ministre pour lui demander très officiellement l'abrogation du décret autorisant l'utilisation de ces grenades par les forces de l'ordre dans le cadre des opérations du maintien de l'ordre. Si le Premier ministre ne répond pas ou donne une réponse négative nous attaquerons ce refus devant les tribunaux administratifs pour obtenir l'abrogation de ce décret.
Ces grenades sont-elles très utilisées ?
Oui, elles le sont et c'est très malheureux parce que l'Etat sait que ces grenades peuvent mutiler ou tuer. Je fais référence à un rapport conjoint de la gendarmerie et de la police nationale qui date du 13 novembre 2014. C'est criminel en ayant ces connaissances-là de ne rien faire et de continuer à les utiliser. On a l'impression que quand l'Etat envoie des forces de l'ordre sur des manifestations, il se comporte comme un général qui envoie des troupes sur un champ de bataille pour faire la guerre.
Quelle est l'action qui est menée ?
Nous déposons une plainte auprès du procureur de Paris pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique avec une arme. Ce sont des circonstances aggravantes qui permettent d'alourdir la peine encourue par la personne auteur de ce type de délit. Nous saisissons le procureur de la République de Paris, nous espérons qu'il prendra ces plaintes au sérieux et qu'il va très rapidement désigner des juges d'instruction qui pourront enquêter collégialement sur ces plaintes en permettant aux blessés et à leurs familles d'exercer les droits qui sont les leurs.
Qui défendez-vous ?
Nous défendons, avec les cinq avocats, quatre personnes qui ont été blessées dans les dernières manifestations des deux samedi par des armes utilisées par la police. Et plus précisément par des grenades lacrymogènes qui contiennent de la TNT et qui, en explosant, libèrent des débris qui peuvent avoir des conséquences extrêmement graves sur les personnes.
Comment ces personnes ont-elles été blessées ?
La personne que je défends vient de l'Oise, a une quarantaine d'années, se rendait pour la première fois à une manifestation et avait envie de participer à celle des "gilets jaunes". En fin d'après-midi, dans une rue parallèle aux Champs-Elysées, alors que la situation était calme à cet endroit-là, il reçoit dans les pieds une grenade qui explose et dont les éclats ont pénétré la chair de son pied. Les images ne sont pas belles à voir. Aujourd'hui, il est alité, il ne peut pas poser le pied par terre et il ne sait pas quand il pourra le déposer à nouveau.
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