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Deux fillettes ont-elles été placées en foyer parce que leur père est un "gilet jaune" ?

Contacté par franceinfo, le parquet de Belfort confirme que les deux enfants ont bien été placés, mais pas parce leur père participe au mouvement de contestation.

Article rédigé par franceinfo
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Un rassemblement de "gilets jaunes" à Belfort (Territoire-de-Belfort), le 23 février 2019 (MAXPPP)

L'histoire a rapidement dépassé les rues de Belfort (Territoire-de-Belfort). Publié dimanche 28 avril, un post Facebook laissait penser que deux fillettes en bas âge avaient été placées en foyer parce que leur père est un "gilet jaune""J'ai 4 ans, ma petite sœur, 2 ans. Le 24 avril 2019 au matin, nous avons été enlevées à papa et maman par la police et un représentant des services sociaux et placées en foyer. Parce que papa est 'gilet jaune'", peut-on lire sur ce message.

Publication repérée sur un compte Facebook, le 29 avril 2019. (CAPTURE ECRAN / FACEBOOK)

Sur les réseaux sociaux, comme l'a remarqué France Bleu, des internautes crient à l'injustice. Parmi eux, beaucoup de profils qui affichent leur soutien au mouvement. "C'est digne du régime chilien de Pinochet", s'énerve l'un d'eux. "La honte, cet Etat ! Harceler des enfants pour obtenir ce qu’ils veulent, ils ne pensent même pas aux troubles psychologiques qu’ils font subir à ces petites", s'indigne un autre. Ou encore : "La répression est à l'œuvre." Le père, Jonathan, 35 ans, y est comparé à "un prisonnier politique à qui on a arraché ses enfants". 

Dans une interview accordée à une page Facebook intitulée "Lanceur d'alerte", le père de Jonathan ne dit pas autre chose. "Aujourd'hui, pour un combat politique, on peut venir chez des militants récupérer des enfants ?", lui demande son interlocuteur. "Voilà, ils en sont arrivés là", répond Alain Le Bris du tac au tac (à partir de 1'45). Le message originel a été partagé près de 10 000 fois. Il est toutefois illustré avec une photo n'ayant aucun lien avec l'affaire : l'enfant n'est pas l'une des deux fillettes. Il s'agit d'une image déjà utilisée de nombreuses fois sur internet.  

"Les deux affaires n'ont rien à voir"

Contacté par franceinfo, le parquet de Belfort dément formellement cette version des faits. "Il y a deux affaires qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre", rectifie le procureur de la République de Belfort, Eric Plantier. Il explique que l'individu a été placé en garde à vue vers 6h30, mercredi 24 avril, dans le cadre d’une enquête préliminaire.

"Au début du mois, il s'en est pris à plusieurs reprises aux forces de l'ordre sur les réseaux sociaux, et notamment Facebook", détaille le procureur. Des menaces et des outrages jugés "graves". Le manifestant, jusque-là inconnu des autorités judiciaires, a dans la foulée été mis en examen pour "provocation publique à commettre un crime ou délit" et "provocation à s'armer contre l'autorité de l'Etat".

Une perquisition a alors été menée dans la foulée de son interpellation à son domicile située sur la commune de Valdoie. Les policiers ont alors découvert un appartement "en état d'insalubritécontinue le procureur. Les conditions étaient telles que la santé, l'éducation ou le développement personnel des deux enfants n'étaient pas assurées correctement. Leur dignité était atteinte." 

C'était dégueulasse. L'aînée, âgée de 5 ans, porte encore des couches.

Une source proche du dossier

à franceinfo

Dépêché sur place, un juge des enfants a décidé de placer provisoirement en foyer les deux fillettes, âgées de 3 et 5 ans (et non 2 et 4 ans, comme l'affirme la publication Facebook). "Cette décision n'a évidemment rien à voir avec le fait que l'intéressé soit 'gilet jaune', c'est dans son bon droit, rappelle le procureur. Mais c'est parce que les enfants sont élevés dans des conditions déplorables." 

Les parents ont rendez-vous dans une dizaine de jours avec le juge des enfants. C'est ce jour-là que sera décidée de la prolongation ou non du placement en foyer des deux fillettes. En attendant, le "gilet jaune" a été placé sous contrôle judiciaire et laissé libre.

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