"Gilets jaunes" : les blocages ont des effets "totalement catastrophiques" sur le commerce, selon la fédération du commerce et de la distribution
Les deux derniers week-ends se sont traduits respectivement par des baisses de 35% et 20% de chiffre d'affaires.
"Le cumul de ces trois semaines de blocage a des effets totalement catastrophiques" sur le commerce, affirme Jacques Creyssel, le directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution dimanche 2 décembre sur franceinfo, au lendemain d'une grande journée de mobilisation des "gilets jaunes", émaillée de débordements dans plusieurs villes françaises.
franceinfo : Pouvez-vous déjà chiffrer l'impact de la mobilisation des "gilets jaunes" sur le commerce ?
Jacques Creyssel : Nous n'avons pas encore malheureusement de chiffres pour samedi, en revanche nous savons que les deux derniers weekends se sont traduits respectivement par des baisses de 35 % et 20 % de chiffre d'affaires, et que le cumul de ces trois semaines de blocage a des effets totalement catastrophiques sur l'ensemble du commerce. Hier des centaines de magasins ont été fermés. L'approvisionnement de nombreux magasins est aujourd'hui très difficile ce qui fait qu'il y a des ruptures parce que des entrepôts sont bloqués. Nous avons des pertes sur les produits frais qui n'ont pas pu être sortis chez les fournisseurs ou vendus. Et puis nous avons eu des pillages, des magasins saccagés dans de nombreux endroits sur le territoire. Il y a eu samedi de très nombreuses villes dans lesquelles il était impossible d'accéder soit parce qu'il y avait des blocages routiers, soit parce qu'il y avait des blocages devant les centres commerciaux, donc les clients ne peuvent pas venir et naturellement ça se traduit par des difficultés économiques majeures pour notre secteur. Nous avons notamment de très nombreux magasins qui sont aujourd'hui en chômage partiel, nous avons des magasins qui ont des difficultés financières qui demandent aujourd'hui des reports d'échéance, et il y a même des magasins pour lesquels la pérennité même est engagée et c'est vraiment une situation totalement catastrophique.
Des magasins pourraient-ils mettre la clé sous la porte en raison des blocages ?
Il y a des magasins, petits ou indépendants, qui risquent d'avoir de vraies difficultés parce que dans certains cas ça fait moins 30%, moins 40% de chiffre d'affaires depuis 15 jours. Il faut bien voir que nous sommes au moment clé de l'année, c'est le moment où les ventes sont les plus fortes. Une semaine de décembre, c'est de l'ordre de 15 milliards d'euros de vente à peu près par semaine, c'est le double à peu près d'une semaine normale. Donc on voit tout de suite l'impact que ça peut avoir. Ça veut dire que, par exemple, dans de nombreux magasins, les renforts qui devaient être embauchés pour Noël ne le seront pas, donc c'est d'ores et déjà un impact négatif sur l'emploi, et un impact négatif sur tous les territoires et notamment sur les territoires les plus en difficulté en France. Pour nous, il est inimaginable que cela continue. Une nouvelle semaine de ce type-là, ce serait véritablement quelque chose de dramatique pour les commerces.
Mais les clients vont peut-être simplement reporter leurs achats ?
Il y a naturellement des achats qui sont reportés, mais il faut se souvenir que c'est le troisième weekend de suite, donc le report devient de plus en plus aléatoire. Il y a sûrement du report qui va avoir lieu en matière de jouets sur le e-commerce, sur Amazon, mais il faut bien voir que les magasins physiques, de ce fait-là, vont être en difficulté parce qu'ils vont perdre du chiffre d'affaires. Et puis quand vous êtes sur les produits alimentaires, quand vous ne pouvez pas faire vos courses, ça, malheureusement, ça ne se reporte pas, et donc ce sont des pertes nettes, notamment sur tous les produits frais.
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