"Gilets jaunes" : les policiers "un peu démunis face à des gens équipés comme des paramilitaires"
La manifestation des "gilets jaunes" ce samedi a été entachée de graves violences, notamment à Paris où 412 personnes ont été interpellées et 378 personnes placées en garde à vue, selon la préfecture de police. "Cela devient particulièrement inquiétant et lourd à gérer" témoigne le commissaire Jean-Paul Megret.
"Nous sommes assez inquiets sur la manière dont la semaine prochaine va se passer", a expliqué sur franceinfo Jean-Paul Megret, secrétaire national du syndicat indépendant des commissaires de police. "On est un peu démunis quand on utilise l'ensemble du panel de moyens face à des gens qui sont équipés comme des paramilitaires".
franceinfo : Que pensez-vous du bilan des manifestations de samedi ?
Jean-Paul Megret : Le bilan est lourd pour les forces de l'ordre, le nombre d'interpellations a presque triplé par rapport à la semaine dernière. Vous comprendrez légitimement que nous sommes assez inquiets sur la manière dont la semaine prochaine va se passer. On focalise tout le temps sur la manifestation du samedi mais il faut savoir qu'en région tous nos collègues sont mobilisés sur des barrages et des évènements qui se tendent de plus en plus. On a parlé de ce qui s'est passé à Paris, mais quand vous voyez ce qui s'est passé dans tout un tas de provinces, cela devient particulièrement inquiétant et lourd à gérer.
La sécurité a-t-elle failli ?
Les forces de l'ordre n'ont pas été dépassées au sens premier du terme, mais le principe de base du maintien de l'ordre est de ne pas occasionner des blessures graves aux manifestants. Quand vous voyez que dès 8h30, les gens se présentent avec des marteaux ou des lances, essaient de passer les barrages, on a essayé de tenir un certain nombre de positions sur les Champs-Elysées, mais on savait et je l'avais dit la veille, que c'était sur les points de filtrage qu'on allait se battre. On est arrivés à se battre très tôt et il faut le dire, on est un peu démunis quand on utilise l'ensemble du panel de moyens face à des gens qui sont équipés comme des paramilitaires.
Etait-ce une bonne idée de mettre en place un filtrage ?
L'idée même de filtrage était le seul moyen de concilier le fait que malgré la non déclaration, ils avaient décidé de manifester sur les Champs-Elysées. De l'autre côté, il fallait éviter que se renouvellent les scènes de chaos qui étaient la semaine dernière limitées sur les Champs-Elysées. Là, on a eu une agrégation de tout l'arc des groupes extrémistes, c'est-à-dire à la fois des groupes de l'extrême gauche et de l'extrême droite et de tout un tas de groupes qui se sont coalisés tout au long de la journée pour casser du flic. La difficulté c'est qu'ils ont également totalement dévasté Paris.
Que sait-on des gens qui ont cassé hier ?
On s'interroge. Le profil de la semaine dernière sur les gens qui avaient été déférés à la justice a montré qu'on avait aussi des gens qui venaient de toute la France et qui était dans le mouvement des "gilets jaunes" depuis longtemps. Il faut aussi reconnaître que les gens qui participent à ce mouvement et qui font le déplacement sur Paris sont dans une posture particulièrement radicale vis-à-vis de tout ce qui est symboles du pouvoir. Le principe c'est d'essayer d'aller à l'Elysée et de tout casser.
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