"Gilets jaunes" : "Un regain qui prouve que notre mouvement est toujours aussi légitime", assure Benjamin Cauchy
Le porte-parole des "gilets jaunes libres", estime que "les revendications de fond sont toujours présentes", au lendemain d'une nouvelle mobilisation nationale du mouvement lancé il y a deux mois.
"La mobilisation reprend bel et bien de l'essor", a assuré Benjamin Cauchy, porte-parole des "gilets jaunes libres", dimanche 13 janvier, au lendemain d'une nouvelle mobilisation nationale qui a vu défiler 84 000 personnes en France, selon le ministère de l'Intérieur.
franceinfo : Le nombre de "gilets jaunes" rassemblés samedi a augmenté par rapport à la mobilisation précédente. Qu'en pensez-vous ?
Benjamin Cauchy : Après les fêtes qui ont été considérées un peu comme une trêve des confiseurs, nous assistons à un regain de la mobilisation. Les chiffres du ministère de l'Intérieur ne sont que les chiffres du ministère de l'Intérieur. À Bordeaux, une comptabilisation a été faite pour la deuxième semaine par les "gilets jaunes" eux-mêmes, et il y a entre 12 000 et 13 000 personnes. Je peux vous assurer que les chiffres du ministère de l'Intérieur sont minorés. Evidemment nous n'avons pas de chiffres clairs à vous donner mais la mobilisation reprend bel et bien de l'essor. C'est un regain qui nous rassure et qui prouve que notre mouvement est toujours aussi légitime.
Le mouvement dure depuis deux mois. Vos revendications ont-elles changé ?
Les revendications de fond sont toujours présentes. Ce sont celles du pouvoir d'achat, d'une plus grande justice sociale et fiscale et celles d'une volonté d'une plus grande démocratie puisqu'il y a une défiance vis-à-vis des élus. Nous sommes restés sur ces fondamentaux que sont la justice fiscale et la volonté d'avoir un pouvoir d'achat en cohérence avec la dignité que les gens ont dans leur travail.
Le grand débat national va débuter mardi. Qu'en attendez-vous ? Est-ce que vous y croyez ?
Ce n'est pas qu'on ne sera pas écoutés, c'est que les sujets sont imposés. L'organisation est plus ou moins scabreuse dans le sens où on ne sait pas véritablement ce que va donner la somme de ces revendications, si ce n'est peut-être un référendum à questions multiples sur des souhaits de changements institutionnels qui auraient été mis sur la table en juillet 2018 s'il n'y avait pas eu l'affaire Benalla. Clairement, nous attendons depuis plusieurs semaines que le gouvernement entende les revendications exprimées.
Pourquoi ne pas peser dans ce débat pour essayer de peser sur les décisions du gouvernement ?
Bien évidemment les "gilets jaunes" vont participer au débat national. Mais on a vraiment peur que ce soit un grand dégât national puisque les sujets sont imposés. Les Français vont vouloir s'exprimer sur la place de la France dans l'Europe, sur l'immigration, sur l'ISF, or il y a des sujets sur lesquels le gouvernement ne reviendra pas. Voilà pourquoi les "gilets jaunes" dans leur grande majorité sont très sceptiques sur l'issue du grand débat national.
La semaine dernière vous aviez dénoncé les agressions de policiers. Ce samedi, des journalistes ont été agressés. Est-ce que vous les condamnez également ?
Bien évidemment, toute atteinte à personne physique, quel que soit son métier, quelles que soient ses convictions politiques, religieuses, quelles que soient les personnes. C'est un constat d'échec de voir que nous finissons dans la violence. Votre corporation [les journalistes] fait son métier, elle a pour objectif de relater de façon factuelle la vérité qui se passe dans la rue. Vous la relatez correctement. Il faut absolument que les journalistes, les forces de l'ordre et les manifestants soient respectés dans leur travail ou dans leur volonté et leur droit à manifester.
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