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Grand débat national : à Grand-Charmont, l'une des villes les plus pauvres de France, l'organisation est plombée par la hausse des impôts locaux

Chaque jour, franceinfo vous propose de faire étape dans une commune de France pour juger de l'accueil fait au grand débat national voulu par Emmanuel  Macron. Mercredi 23 janvier : Grand-Charmont, dans le Doubs.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 

À Grand-Charmont, dans le Doubs, une cité-dortoir de 5 700 habitants en banlieue de Montbéliard, ce qui fait débat, c’est justement l’organisation du grand débat national. Les élus locaux de cette ville, l'une des plus pauvres de France, redoutent que cette consultation ne se retourne contre eux.

La hausse des impôts locaux laisse des traces

Sur le bureau du maire, Jean-Paul Munnier, un vieil ordinateur, des piles de dossiers et des lettres de ses administrés, dont certaines sont anonymes. L'élu en lit des extraits : "Honte à vous de souhaiter une bonne année, vous qui avez augmenté nos taxes de 30%. Vous n'êtes vraiment pas à votre place, bande d'incompétents que vous êtes, tous des pourris."  Depuis qu’il a augmenté la taxe d’habitation de 30% l’an passé, le maire est sous le feu des critiques. C’était pourtant une obligation, dit-il, surtout après avoir vu les dotations de l’État baisser de 600 000 euros en seulement sept ans. "Nous dépendons à 47% des dotations d'État, explique l'élu. On était beaucoup plus impactés que d'autres communes."

Après dix-huit ans de stabilité, on était obligés d'augmenter ces impôts et c'était absolument la seule solution.

Jean-Paul Munnier, maire de Grand-Charmont

à franceinfo

"On n'y arrive plus. On n'arrive plus à boucler nos fins de mois ou nos fins d'années. On est les 'gilets jaunes' des mairies", poursuit l'élu. 

Un débat, malgré tout...

Logiquement, quand Emmanuel Macron demande aux maires d’être des relais du grand débat national, Jean-Paul Munnier hésite. "Il s'aperçoit qu'il y a des maires qui sont utiles à la démocratie", lâche-t-il. Il redoute, une nouvelle fois, de se retrouver en première ligne. Et quand on discute avec ses administrés dans les rues de la commune, on comprend ses réserves. "Ç'a été le choc pour nous de voir l'augmentation, 30% je crois. S'il y avait un débat, c'est l'une des premières questions que je poserais", déclare une habitante. "Ils augmentent plein de choses. Moi, ça ne me dérange pas de payer les impôts, mais il faut que ça serve vraiment à quelque chose", ajoute un voisin. "Je paye 1000 euros, avant c'était 800 euros", témoigne une autre habitante. "Monsieur Macron nous fait un petit cadeau, mais il nous le reprend tout de suite derrière. C'est simplement pour faire de l'esbroufe", renchérit un autre. "À force de trop tirer sur la corde, à un moment elle pète", entend-on encore.   

En mairie, dans la petite salle de réunion où le maire a réuni ses adjoints, on garde écharpe et gants car le chauffage ne marche pas. Et on discute du grand débat. "On verra qui on trouvera pour animer ce débat. Il ne faut pas que ce soit forcément le maire. Moi, je préfère rester en retrait. Les sujets qui vont revenir, c'est la fiscalité, c'est le pouvoir d'achat, explique Jean-Paul Munnier. Êtes-vous d'accord ?" 

Finalement, une date est arrêtée, ce sera mi-février. Le temps d’organiser la concertation et de convaincre les habitants de venir. Si tout va bien, et malgré les réserves, Grand-Charmont aura donc son grand débat… 

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