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Grand débat : peu d'échos en Haute-Saône, là où on prêche depuis longtemps dans le désert... médical

Chaque jour, franceinfo vous propose de faire étape dans un département, une commune, un quartier, pour juger de l'accueil fait au grand débat national. Jeudi 24 janvier, en Haute-Saône, à Mignavillers et Saulnot.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La mairie de Saulnot, en Haute-Saône, le 23 janvier 2019. (BENJAMIN CHAUVIN / RADIO FRANCE)

"Pour l’instant, j’ai trois doléances", déplore le maire de Mignavillers, 400 habitants, en Haute-Saône. Comme dans le village voisin de Saulnot, les cahiers de contributions pour nourrir le grand débat national peinent à se remplir. Pourtant, les habitants subissent ici, depuis longtemps, les conséquences des déserts médicaux, dénoncés, de longue date aussi, par les élus.

Grand débat : le reportage de Matthieu Mondoloni à Mignavillers et Saulnot en Haute-Saône.

"Je suis étonné qu’il n’y ait pas plus de demandes, pas plus de gens motivés pour apporter des doléances, constate le maire de Mignavillers, Daniel Clerc, plus de quinze jours après l'ouverture des contributions. Et en discutant avec la population, je n’ai pas ressenti ce besoin de débat. On ne va pas organiser de débat devant deux ou trois personnes, il n’aurait pas de sens." Et pourtant, ceux qui écrivent ont des choses à dire de ce territoire rural qui a parfois le sentiment d’être abandonné. Le maire lit une des doléances : "Pour un examen banal, je dois faire 80 kilomètres à 80 km/h, passer devant huit radars fixes, 24 ralentisseurs de chez moi jusqu’à l’hôpital, et retour, avec les conséquences sur ma voiture et la pollution." C'est bien la preuve, ajoute l'élu, qu'il y a des choses à dire.

Des constats et des revendications de longue date

Le maire de Mignavillers aurait aimé avoir beaucoup plus de doléances, profiter de ce débat pour faire entendre la voix de sa commune. Mais ça ne prend pas, tout comme dans le village voisin, à Saulnot. 

"J’ai eu quatre ou cinq doléances", explique le maire, Christian Gaussin, qui met en avant la préoccupation majeure du secteur : "Il n’y a plus de médecins à la campagne." "Ce sont des choses que nous, les maires ruraux, nous dénonçons depuis pas mal d’années. On n’a pas attendu l’effet 'gilets jaunes' pour le dire", affirme l'élu, qui a "nettement l’impression de ne pas être entendu".  

Dans ce village de 800 habitants, le docteur Patrick Laine, 69 ans, aimerait prendre sa retraite, mais il ne trouve aucun remplaçant. Il se refuse à abandonner ses quelque 4 000 patients, alors il a imaginé lancer une pétition nationale. "Je veux utiliser le débat national pour faire passer ce message, déclare-t-il. Il est urgent de répondre à la problématique des déserts médicaux en imposant aux jeunes médecins de venir exercer en début de carrière pendant une année dans les territoires sous dotés." C’est sa contribution au grand débat finalement. Et il compte sur les élus de terrain pour y donner de l'écho, pour "que ça remonte là-haut".

Le sommet, c'est l’Elysée. Même si aucune réunion ne s’organise ici, même si le nombre de doléances est infime, ces petits villages veulent faire entendre leur voix dans ce grand débat.  

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