: Vidéo Un campagnard vaut-il deux fois moins qu’un citadin aux yeux de l’Etat ?
Le président de l'association des maires ruraux de France assure que l'Etat verse deux fois plus de dotations pour les citadins. L'Etat privilégie-t-il réellement les villes par rapport aux campagnes ?
A écouter les représentants des élus ruraux, au distributeur d’argent public, l’Etat serait deux fois plus généreux avec les maires des villes qu’avec les maires des champs. Mais ceux qui crient le plus fort sont-ils vraiment les plus mal lôtis ? L’oeil du 20 heures a vérifié.
Depuis quelques jours, le président de l’association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, dénonce une injustice : “Là où il y a un vrai scandale, c’est que sur le territoire de la République, il y a deux types de citoyens. Quand l’Etat donne un euro à un habitant des campagnes, il en donne deux à un habitant des villes.”
Certes, plus une commune est grande, plus l’Etat est généreux par habitant dans sa contribution au budget de la commune… mais, toutes dotations confondues, ce n’est pas du simple au double. D’après les chiffres officiels, quand l’Etat donne 1€ à un habitant d’une commune de moins de 3 500 âmes, il donne en moyenne 1,32€ à celui d’une ville de plus de 20 000 habitants.
Une différence qui a une explication. A Gargilesse-Dampierre, le village de Vanik Berberian dans l’Indre, l’Etat a versé en 2018 au budget de la commune 130€ par habitant. A 12 kilomètres, dans la ville d’Argenton-sur-Creuse, c’est plus : 195€ par habitant. Car la ville, chef-lieu de canton, finance des équipements qui servent aussi à ses voisins ruraux.
Quand on a un gymnase, des courts de tennis, une salle de spectacles, de cinéma... ce n’est pas juste pour les Argentonnais, c’est pour tous les habitants du Sud de l’Indre, soit 30 000 habitants, alors qu’Argenton n’en compte que 5 000.
Vincent Millan - Maire (PS) d'Argenton-sur-Creuse (Indre)
En clair : les villes touchent plus, car les campagnes en profitent aussi. Les économistes appellent ça “l’effet de débordement”.
Plus globalement, les mécanismes de redistribution à l’échelle du pays - comme les retraites, les allocations… contribuent aussi à gommer les inégalités entre territoires. Pour Laurent Davezies, économiste spécialiste en développement territorial, “il y a beaucoup de gens en France qui pensent que c’est la province qui paie pour Paris. C’est absolument l’inverse. Il y a une redistribution absolument considérable : les inégalités de revenus entre les territoires francais ne cessent de diminuer depuis 40 ans.”
Au-delà de la polémique sur les dotations de l’Etat, ce que les habitants des communes rurales ressentent plus durement que ceux des villes, c’est la fermeture des services publics.
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