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Procès du crash Rio-Paris : le parquet est le "porte-voix d'Air France et d'Airbus", dénonce Alain Jakubowicz, avocat de parties civiles

Le parquet estime ne "pas être en mesure de requérir la condamnation" des entreprises Airbus et Air France, jugées pour homicides involontaires après le crash du vol Rio-Paris, en 2009. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Maître Alain Jakubowicz à l'issue des réquisitions du parquet au procès du crash Rio-Paris, le 7 décembre 2022. (AURELIEN THIRARD / RADIO FRANCE)

"J'ai assisté à quelque chose auquel je n'avais jamais assisté en 46 ans d'exercice de ma profession", a réagi mercredi 7 décembre sur franceinfo Me Alain Jakubowicz, l'un des avocats des parties civiles au procès du crash Rio-Paris. Après huit semaines d'audience, le parquet requiert ce mercredi la relaxe pour Airbus et Air France. L'accident a causé la mort de 228 personnes le 1er juin 2009.

"Ce n'est pas la justice qui a été rendue aujourd'hui mais un point de vue."

Me Alain Jakubowicz

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Avec de telles réquisitions, "on peut s'interroger, on se demande s'il n'y a pas des considérations autres que la justice qui pourraient primer", poursuit Me Jakubowicz, avocat de l'association Entraide et Solidarité AF447. "On a affaire à Airbus et à Air France. Airbus un fleuron de l'économie nationale, européenne, mondiale. Mais, il faut relativiser, ce n'est pas la justice qui a été rendue aujourd'hui mais un point de vue, celui du parquet."

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Me Alain Jakubowicz ne s'attendait pas à de telles réquisitions. "J'ai vu des procureurs de la République, qui normalement doivent requérir au nom de la société, qui ont prononcé une plaidoirie de la défense", estime-t-il avant d'ajouter : "Je ne suis pas en colère, je narre ce à quoi j'ai assisté pendant plus de cinq heures. Les procureurs ont repris méthodiquement tous les éléments à décharge sans évoquer les éléments à charge, dénonce-t-il. Je crois que c'est une première dans les annales des parquets judiciaires, des parquets qui sont les porte-voix d'Air France et d'Airbus. Ce n'était pas les porte-voix de la société."

Avec ces réquisitions, "qu'est-ce que vous voulez qu'on explique aux familles des victimes ? Qu'est-ce que vous voulez qu'on explique aux justiciables, à la société ? Nous sommes tous des passagers de ce vol. Ce n'était pas seulement le procès d'Airbus et d'Air France, c'était le procès de la sécurité aérienne", a insisté Me Alain Jakubowicz. "Les familles des victimes considèrent" que ce procès a été seulement le procès des pilotes.

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