Sur la route, la quasi-totalité des usagers redoutent le comportement à risques des autres

Cette quatrième édition de l'étude sur le partage de la route, réalisée par Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes, montre que les automobilistes, comme les cyclistes ou les piétons, éprouvent massivement des inquiétudes quant à la cohabitation des différents moyens de transports.
Article rédigé par franceinfo
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L'enquête a été menée du 19 février au 19 mars 2024, auprès de 12 413 personnes. (JACQUES LOIC / PHOTONONSTOP via AFP)

En France, la quasi-totalité des usagers de la route redoutent le comportement à risques des autres. C'est ce que révèle mercredi 30 octobre l'enquête Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes sur le partage de la route. Cette enquête étudie les comportements des Européens confrontés, sur la route, à la cohabitation entre différents modes de déplacement.

95% des Français sont inquiets

Selon cette étude, la cohabitation avec les autres usagers de la route est source d’anxiété et de tensions pour 95% des Français, quand 92% des Européens redoutent le comportement à risques des autres. Cette crainte est particulièrement marquée pour les cyclistes (97% des Français et 89% des Européens). 95% des automobilistes français (91% des Européens) et 92% des conducteurs de deux-roues motorisés (87%) ressentent la même anxiété.

Les piétons sont également très inquiets des prises de risques des autres usagers. 93% des piétons français ont peur qu’un automobiliste ne s’arrête pas pour les laisser passer alors qu’ils sont engagés sur un passage protégé et huit sur dix (80%) ont déjà été frôlés sur un trottoir par un vélo, une trottinette ou un hoverboard, c'est 4 points de plus qu'il y a quatre ans. L'agressivité des conducteurs motorisés est aussi très largement redoutée en France par 89% des conducteurs de deux-roues motorisés (vs 81% des Européens) et 88% des automobilistes (83%). 87% des cyclistes français confient également leur peur, une proportion en hausse de 6 points en quatre ans.

Des infractions récurrentes

Si les Français craignent les comportements à risques des autres usagers, ils "contribuent souvent eux-mêmes à ce climat de tension", constate la Fondation Vinci Autoroutes. Elle rappelle que "le partage de la route et plus largement de l’espace public est l’affaire de chacun". L'enquête révèle qu'il y a, de la part des usagers de la route, une méconnaissance du code de la route ou une volonté délibérée de l’enfreindre. Selon l'étude, 44% des cyclistes réguliers reconnaissent passer au feu rouge dans les situations où cela ne leur est pas autorisé par la signalisation. C'est 6 points de plus en deux ans. Dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants, cette pratique est même nettement plus fréquente : 57% des cyclistes ont déjà grillé le feu, soit 13 points de plus en deux ans. 68% des automobilistes reconnaissent aussi passer au feu orange ou rouge. 67% des piétons admettent traverser à un passage protégé alors que le symbole les concernant est rouge. 80% reconnaissent même qu’il leur arrive de traverser en dehors de tout passage protégé.

Les trottoirs sont aussi des espaces où le danger s'invite. En France, 62% des cyclistes réguliers et 44% des conducteurs de deux-roues motorisés ont une forte tendance à y circuler. Dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants, ce sont même 72% des cyclistes réguliers qui circulent sur les trottoirs soit 10 points de plus par rapport à la moyenne française. Ils sont par exemple 83% à Toulouse et 61% à Nantes et Tours. Les places de stationnement ou voies réservées sont aussi fréquemment utilisées par d'autres usagers que ceux autorisés. Ainsi 25% des automobilistes français avouent se garer en double file (vs 29% des Européens), 13% admettent emprunter les voies de bus (19%) et 11% reconnaissent utiliser des emplacements réservés aux personnes en situation de handicap (12%).

Les pistes cyclables font aussi l’objet d’un usage abusif par les conducteurs. 57% des deux-roues motorisés reconnaissent les emprunter (71% dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants) et 12% des automobilistes admettent les utiliser pour s’arrêter ou stationner (16% dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants). L'étude pointe encore l'utilisation du téléphone en conduisant. 78% des automobilistes avouent téléphoner au volant, 52% des conducteurs de deux-roues motorisés et 36% des cyclistes réguliers le font également. Les piétons sont 57% à téléphoner dans la rue même en traversant la chaussée.

Les "multi-usagers" plus prudents

L'enquête de Vinci Autoroutes souligne par ailleurs que les personnes utilisant plusieurs modes de déplacement sur la route ont un meilleur respect des autres usagers. Selon l'étude, 51% des conducteurs utilisent au moins un mode de déplacement autre que la marche - deux-roues motorisé, vélo, trottinette. Ainsi, 86% de ces "multi-usagers" déclarent faire preuve d’une plus grande prudence vis-à-vis des autres sur la route, en respectant notamment les pistes cyclables ou en vérifiant les angles morts. C'est 8 points de plus en un an. À titre de comparaison, 60% des Européens sont des usagers multiples (85% des Néerlandais et 35% des Britanniques par exemple utilisent au moins un mode de déplacement autre que la marche), et 78% de ces "multi-usagers" européens sont plus vigilants.

L'étude montre enfin que l’utilisation régulière de modes de déplacement actifs a légèrement régressé en France par rapport à 2023 et demeure encore largement inférieure à celle de la majorité des pays européens. 57% des Français se déplacent régulièrement à pied. C'est 5 points de moins qu'en 2023 et 9 points de moins que la moyenne européenne. Pour le vélo, 11% des Français l'utilisent régulièrement, soit 2 points de moins qu'il y a un an et 10 points de moins que la moyenne européenne. Dans les agglomérations de 200 000 habitants ou plus, la pratique régulière du vélo varie de 22% à Strasbourg et Bordeaux, à 10% à Nice ou 7% à Marseille. En Europe, ce sont les Néerlandais qui utilisent le plus régulièrement le vélo (58%), devant les Belges (26%), les Allemands, les Polonais et les Suédois (24%). Les Français sont huitièmes sur 11 pays européens sondés, juste devant les Grecs (10%), les Britanniques et les Espagnols (7 %).


Cette quatrième édition de l'étude sur le partage de la route, réalisée par Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes, a été menée du 19 février au 19 mars 2024, par internet, auprès de 12 413 personnes âgées de 16 ans et plus, dont 2 413 Français, et 1 000 personnes minimum dans chacun des 10 autres pays sondés (Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède).

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